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[Avis] Brooklyn village avec Greg Kinnear et Paulina Garcia (Deauville 2016)

Sélectionné au Festival de Sundance et en compétition au Festival de Deauville, « Brooklyn village » (Little Men) est une pépite du cinéma indépendant américain… Vous trouverez mon avis plus détaillé sur le film réalisé par Ira Sachs ci-dessous.

broklyn village poster

Synopsis.

Une famille de Manhattan hérite d’une maison à Brooklyn, dont le rez-de-chaussée est occupé par la boutique de Leonor, une couturière latino-américaine. Les relations sont d’abord très cordiales, notamment grâce à l’insouciante amitié qui se noue entre Tony et Jake, les enfants des deux foyers. Mais le loyer de la boutique s’avère bien inférieur aux besoins des nouveaux arrivants. Les discussions d’adultes vont bientôt perturber la complicité entre voisins.

 

Avis :  Brooklyn village : chronique douce amère d’une bromance à New York.

Brian et son fils Jake s’installent à Brooklyn (Greg Kinnear, Theo Taplitz)
Brian et son fils Jake s’installent à Brooklyn (Greg Kinnear, Theo Taplitz)

Plusieurs histoires pour le prix d’une !
Brooklyn village est une chronique de la gentryfication de la Grosse Pomme, chronique doublée d’un récit d’apprentissage. Qu’est-ce que cela fait de grandir et de vivre à New York de nos jours  ?

C’est surtout l’une histoire d’amitié (la fameuse bromance, cet attachement très fort qu’on peut ressentir à l’adolescence pour son meilleur ami)

Jake, 13 ans, est un jeune homme introverti avec des désirs artistiques tandis que le jeune Tony est un garçon sûr de lui et volubile un peu à la Al Pacino. Il adore sa mère mais souffre de ne pas plus voir son père même si au final il se demande si ce n’est pas mieux ainsi car ses deux parents ne s’aiment plus. Rêvant d’être acteur, il va chercher l’appui et les conseils de Brian, le père de Jake, acteur de théâtre fauché.

Cette belle amitié est mise à mal par les parents,  les deux familles ayant des difficultés financières.

Leonor payait un loyer très inférieur au prix du marché au père décédé de Brian. Elle  refuse donc de payer une augmentation. Brian et Cathy,  les parents de Jake vont devoir mettre de côté leur sympathie pour la mère de Tony, poussés par  leur propres difficultés financières et par la sœur de Brian.

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Des gens comme les autres (Ordinary People)…

Brooklyn Village est un film  sympathique, assez classique dans le fond, et joliment subtil…  il ne se passe au final pas grand-chose ; on a déjà vu ce type de chronique adolescente et pourtant il se dégage un certain charme du film.
Les personnages de cette fiction sont vraiment des gens ordinaires, avec des problèmes « courants ». Faire le deuil d’un parent ou ami, joindre les deux bouts, concilier passion et travail, mener une vie de famille harmonieuse, réussir un examen pour entrer dans une école prestigieuse, inviter quelqu’un à danser dans une « boum »… Des situations que nous avons tous certainement connu dans notre vie. Les questions  de l’amour, de l’amitié sont abordées.  La relation à l’argent est aussi traitée dans tout le film, les jeunes ne comprenant pas que les enjeux financiers de leurs parents influencent leur comportement.

L’histoire pourrait susciter le désintérêt et l’ennui chez le spectateur… Mais d’autres ne pourront qu’admirer la justesse et la sensibilité de cette tranche de vie.

Le film dépeint avec amour le quartier de Brooklyn : je me suis demandé s’il n’y avait pas une part de témoignage ou d’autobiographie de la part du réalisateur ou du scénariste Mauricio Zacharias.

En tout cas le réalisateur a su capter l’adolescence et de l’amitié ce moment où aller en boîte de nuit, prendre le métro, réfléchir à son futur métier, jouer avec son meilleur pote, tout a de l’importance, tout est capital !

Paulina Garcia et Greg Kinnear dans Brooklyn village
Leonor (Paulina Garcia)  et Brian( Greg Kinnear) dans Brooklyn village

Des voisins presque parfaits. 

D’autre part, le scénario a la bonne idée de ne pas choisir un camp dans ce choc des cultures entre voisins  :  les nouveaux arrivants ne sont pas plus sympathiques que les anciens. Ainsi, Leonor, menacée d’expulsion, peut être cruelle lorsqu’elle parle du père décédé de Brian à ce dernier. Elle ne cherche à pas à trouver un compromis, préférant embaucher une vendeuse (ultime provocation aux yeux de Brian). Chaque protagoniste adulte est sûr de son bon droit, même s’il faut sacrifier l’amitié de leur enfant au passage.

Greg Kinnear joue un père artiste un brin dépassé par les événements mais bienveillant, Jennifer Ehle la mère psy experte en résolution de conflits. Ce sont deux acteurs discrets mais toujours élégants dans leur jeu.

Paulina Garcia est très bien en maman célibataire et déterminée à ne pas se laisser faire … Rajouter à ce casting adulte, Alfred Molina, l’ami bienveillant et avocat de Leonor,  Talia Balsam la sœur qui trouve son frère trop gentil et veut sa part d’héritage.Tous ces comédiens sont crédibles et encore une fois font leurs preuves.

Cependant, ce ne sont pas les adultes qui ont le rôle principal… Ce sont les deux jeunes héros. Pour incarner ces dernier, Theo Taplitz et  Michael Barbieri sont bien dirigés et castés.  Tapliz avec son visage sensible, presque féminin, joue je l’artiste peu sûr de lui …  Son interprétation contraste joliment avec celle de Michael Barbieri (Antonio, dit Tony), gouailleur, vif et prolixe, rêvant de devenir le nouvel Al Pacino ! Deux acteurs à suivre, on leur souhaite une belle réussite.

On comprend assez rapidement qu’il n’y aura pas de résolution positive du conflit entre adultes et que les deux jeunes garçons vont devoir poursuivre leur chemin, regrettant peut-être cette amitié enfantine.

La fin mélancolique laisse un peu sur sa faim, pour le coup on aurait aimé que le réalisateur développe un peu plus, qu’il se permette un coup d’éclat, un dernier baroud d’honneur, bref qu’il boucle la boucle,  d’autant plus que la durée du film est relativement courte. Néanmoins, comme dans la vraie vie,  le dénouement de cette amitié n’est ni triste ni gai…  Et on n’en saura guère plus sur les personnages.

Ira Sachs est un réalisateur sensible et discret, préférant la subtilité aux grands effets.  Ce n’est donc pas un film spécialement marquant sur le coup  mais on y repense. Brooklyn village est un bon petit film indépendant qui change des bobines déprimantes ou des blockbusters. Un film charmant, mignon* (pour moi c’est un compliment), à la recherche du temps perdu… Sa sélection à Deauville est donc tout à fait justifiée.

Brooklyn Village

(Little Men, 2016)

Réalisé par Ira Sachs

1h25

Avec Theo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear, Jennifer Ehle, Alfred Molina
En salles le 21 septembre 2016. 

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