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[Avis] JULIETA de Pedro Almodóvar (Cannes 2016)

Julieta affiche

En compétition au Festival de Cannes 2016, « JULIETA » de Pedro Almodóvar est un coup de cœur (et un coup au coeur). Vous trouverez mon avis plus détaillé sur « Julieta » ci-dessous … 

[Aparté] Le hasard a voulu que je le vois le mardi 17 mai – soit le même jour que les festivaliers cannois – la veille de sa sortie officielle en France. Oui, au départ, je me disais que j’allais attendre le week-end pour découvrir le nouvel Almodóvar, car déçue par « Les amants passagers« …
Je me suis rendue dans mon cinéma de quartier pour voir « Le Miroir » de Tarkovski … Mais la bobine tarkovskienne n’étant pas arrivée, et l’autre film proposé par le Cinéclub ne me tentant pas, je me suis rabattue sur « Julieta » !
Et bien, dans mon cas, le hasard, l’un des thèmes de « Julieta », avec le deuil et la relation mère /fille, a bien fait les choses. Hasard ou coïncidence, le film est sorti quelques jours avant la fête des mères… Mais, au fait, quelle est l’histoire de Julieta ?

Synopsis du film Julieta de Pedro Almodóvar

« Julieta, professeure de cinquante-cinq ans, essaie d’écrire à sa fille Antia tout ce qu’elle a gardé secret depuis une trentaine d’années, c’est-à-dire depuis qu’elle l’a conçue. Une fois sa confession écrite, elle ne sait où l’envoyer. Sa fille l’a quittée à l’âge de dix-huit ans et, depuis une douzaine d’années, Julieta n’a plus la moindre nouvelle d’elle. Elle l’a cherchée par tous les moyens possibles mais les résultats de cette recherche confirment qu’Antia reste pour elle une parfaite inconnue.  Julieta parle du destin, de la culpabilité et de cette force mystérieuse et insondable qui nous pousse à quitter les personnes que nous aimons, en les effaçant de notre vie comme si elles n’avaient jamais compté. Et de la souffrance que cet abandon brutal cause à la personne qui en est victime. »

(via Pathé.fr)

Avis sur le film Julieta

Julieta est un grand film du Maître de la Movida. C’est peut-être mon Almodovar préféré. Un film maîtrisé de bout en bout.

Le scénario mélange trois nouvelles de l’auteure nobelisée Alice Munro.  De Munro, je n’ai lu que Du côté de Castle rock,  la biographie romancée de la famille de l’écrivain.

On se doute que « Julieta » va nous parler d’un drame familial.
Mais je n’imaginais pas cette formidable construction, ce va- et-vient entre le présent et le passé,  ce suspense !

Quant à la photographie et aux idées de mise en scène, c’est du grand art…  Le film s’ouvre sur un plan étonnant : un tissu rouge sang … Plus tard, dans une séquence quasi onirique, on verra un cerf courser un train dans la neige… Dans ce train, Julieta rencontrera un homme, désespéré, puis un deuxième, futur amant… Clins d’œil de Pedro Almodóvar à (en vrac) : Anna Karénine, Le crime de l’Orient express, L’Inconnu du Nord-Express ? En tout cas, deux rencontres fondatrices pour la jeune Julieta.

Enfin, il y a ce plan magique ( que je n’ai pas vu venir) du passage de relais entre Adriana Ugarte (Julieta jeune) et Emma Suárez (Julieta, de nos jours). En quelques secondes, tout est dit : le poids des années, le chagrin, la dépression et la culpabilité qui ont fait vieillir prématurément l’héroïne. J’ai rarement vu une ellipse aussi belle au cinéma ! Pour compléter le tout,  il y a les décors, très travaillés comme les appartements à Madrid, la maison de pêcheurs au bord de l’eau, mais aussi les paysages superbes des Pyrénées…

Le film dresse de beaux portraits de femmes, de mères et de filles.
Les hommes ne sont pourtant pas exclus, mais il faut reconnaître que « Julieta » est avant tout une histoire de femmes. Même si les hommes peuvent être à l’origine de leur construction -ou déconstruction- mentale des héroïnes.

« Julieta » développe l’idée passionnante, mais éprouvante, de la transmission de culpabilité. Il y aurait beaucoup à analyser sur le comportement de la fille de Julieta, Antià…
Et sans doute beaucoup de choses à dire sur  Julieta. C’est une femme qui a recours à différentes « stratégies » pour surmonter les drames de son existence.

Le spectateur, tout comme Julieta, est laissé dans l’ignorance du sort de sa propre fille pendant la majeure partie du film.
De nombreux points restent mystérieux même à la fin du film. Un autre visionnage me semble donc  être une bonne idée.
Ne serait-ce que pour voir les petits détails qui m’ont échappé et qui servent le récit.

Je suis ressortie le cœur gros, mais avec de l’espoir pour les personnages de « Julieta » …

L’interprétation est excellente. Les deux interprètes du rôle-titre, Emma Suarez  (déjà titulaire d’un Goya) et Adriana Ugarte sont plus que convaincantes toutes les deux, elles font vraiment passer quelque chose, on ressent presque physiquement leurs émotions. Recevront -elles un prix d’interprétation ?
[Edit : les deux actrices sont reparties bredouilles du festival cannois !]
Darío Grandinetti  et Daniel Grao sont très bons,  même si leurs personnages sont volontairement dans l’ombre des personnages féminins.
Rossy de Palma assure un petit rôle, à la fois amusant et inquiétant. Je ne vais pas citer tous les comédiens du film, mais il n’y rien à redire sur leur jeu.

De la musique du film, j’ai retenu le morceau de Vargas Chavela « Si No Te Vas« , aussi beau que celui de « Talons aiguilles ». Tiens, d’ailleurs, c’est un autre film de Pedro Almodóvar avec une relation mère/ fille des plus complexes.

Vous l’aurez compris, je vous recommande « Julieta » : des plans de toute beauté, un scénario intelligent, une interprétation excellente.

Gracias Pedro Almodóvar !

« Julieta » pourrait -il décrocher la Palme d’or  ?(récompense manquant à la collection de Pedro Almodóvar.)*
En tout cas, je lui souhaite d’avoir un prix cannois.

 

***

FICHE FILM JULIETA

« Julieta« , film espagnol réalisé par Pedro Almodóvar

d’après trois nouvelles d’Alice Munro : Hasard, Bientôt et Silence .

Sorti le 18 mai 2016.

En compétition au Festival de Cannes 2016

Avec :
Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Darío Grandinetti, Inma Cuesta, Rossy de Palma, Joaquín Notario, Susi Sánchez, Pilar Castro, Mariam Bachir, Michelle Jenner, Nathalie Poza et Tomás del Estal

Durée : 97 minutes

Julieta Bande-annonce VO

 

PS : La Palme d’Or 2016 a été attribuée à Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake« .

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