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[Avis] La région sauvage (La región salvaje) réalisé par Amat Escalante

La région sauvage est un film réalisé par Amat Escalante, réalisateur mexicain particulièrement dur et provocateur. La région sauvage ne faillit pas à sa réputation sulfureuse… d’ailleurs le film est interdit au moins de 16 ans. Déjà lauréat duPrix de la mise en scène pour Heli en 2013 au Festival de Cannes, Amat Escalante a reçu le Lion d’Argent – Prix de la mise en scène à la Mostra de Venise 2016 pour La région sauvage ,  film peu aimable qui sort le 19 juillet sur nos écrans.

Cette fois, Escalante plonge dans le réalisme magique, en plein dans la tradition de la littérature sud-américaine avec une dimension fantastique.

Avis à lire ci-dessous.

Synopsis

Alejandra vit avec son mari Angel et leurs deux enfants dans une petite ville du Mexique. Le couple, en pleine crise, fait la rencontre de Veronica, jeune fille sans attache, qui leur fait découvrir une cabane au milieu des bois. Là, vivent deux chercheurs et la mystérieuse créature qu’ils étudient et dont le pouvoir, source de plaisir et de destruction, est irrésistible…

AVIS sur La Région Sauvage

(c) Le Pacte

(Ré) Pulsions et fascination dans une cabane au fond des bois

J’ai vu ce film dans le cadre du festival Viva Mexico en novembre 2016 et je ne m’en suis pas tout à fait remise. La moindre chose que l’on puisse dire, c’est que La région sauvage n’est pas aimable et n’est pas tout public. Il faut dire que je n’étais pas préparée : aucune image révélatrice et le synopsis était suffisamment en flou il y a plusieurs mois.

Maintenant, si vous retournez  l’affiche française, vous vous retrouvez face à un sexe féminin d’où sortent des tentacules  (et non ce n’est pas une tente ou un tipi)… donc on se doute qu’il y aura du sexe et un monstre …

Et du sexe, il y en a dans la région sauvage : hétéro, homo et aussi de la zoophilie ou de l’alienophilie (si ce terme existe).

On assiste en effet à des scènes d’horreur érotique au cours desquelles la  créature géante munie de tentacules pénètre des femmes ou des hommes.  Impossible de ne pas penser à certains hentai ou à la peinture Le Rêve de la femme du pêcheur par Hokusai, exemple typique de » tentacule érotique ».

Un film démonstratif ( ou des monstres actifs)…

Le problème est que une fois passé l’effet de surprise, et bien nous avons peu de substance. Pour en revenir à l’effet de surprise, cette réflexion est surtout valable pour moi et pour les festivaliers de Viva Mexico, car maintenant, chers lecteurs,  vous êtes informés par le synopsis et sur le symbolisme de l’affiche.

Tout le film est très démonstratif et pas forcément très profond si l’on exclut les scènes de sexe et les dialogues qui n’avancent souvent pas à  grand chose.

On voit ainsi trop le monstre – et même une de ses tentacules en action dès les 5 premières minutes. On se doute donc assez rapidement de la tournure des événements.

Qui va, en plus de Véronica,  céder à la tentation et risquer sa vie ? Alejandra, jeune femme frustrée sexuellement et qui découvre que son mari la trouve ? Son frère jeune et doux infirmier qui vit une relation toxique avec le mari de sa sœur ? Ou bien le mari, homosexuel refoulé  et violent ?  (Pardon pour le spoiler concernant la relation homosexuelle, en même temps, c’est suggéré dans la bande annonce).  Comme les personnages sont tous esclaves de leur désirs, et souvent frustrés, et qu’il s’agit d’un film horrifique,  je vous  laisse prendre les paris.

Escalante prend son temps pour filmer et égratigner au passage l’hypocrisie de la société, la force des ragots, de l’homophobie, il distille quelques allusions à la religion. Mais le réalisateur semble surtout prendre un certain plaisir à choquer le spectateur en sortant du film réaliste, même si la réalité d’un pays nous est montrée. Le réalisateur nous montre quelques plans assez fantasmagorique, certaines scènes ébranlent, et une atmosphère mortifère enveloppe le film. Néanmoins, on décroche un peu par moments, il y a quelques problèmes de rythme et les personnages sont globalement antipathiques, à part au début Angelica, et son jeune frère. Finalement ils adoptent tous un comportement monstrueux les uns envers les autres.

… Pour montrer quoi ?
Au final, on se demande un peu le message porté par la région sauvage, ou s’il y a une portée symbolique … comme le monstre est prostitué par le couple de personnes âgées, on peut peut- être y voir une critique de la prostitution.

En discutant après la séance, une spectatrice m’a dit que l’alien source de plaisir, de souffrance et de mort représentait la drogue. Je ne sais pas si c’est une théorie personnelle ou si cette interprétation a été avancée par des critiques voire par le réalisateur lui-même. En tout cas, pourquoi pas !  Veronica serait donc la junkie qui deale, la rabatteuse ; et le couple dans la cabane représenterait les chefs de cartel. C’est une explication intéressante qui permet de repenser au film sous un autre angle.

Un peu comme l’affiche du film qu’il faut retourner pour comprendre de quoi il retourne justement, La région sauvage a peut-être plus d’une facette et on doit posséder les clefs pour l’analyser.

La région sauvage est un film étrange aux allures de cauchemar. Ce n’est clairement pas ma tasse de thé. Il y a des moments où je n’ai pu m’empêcher de rire devant certains passages, et d’autres où j’avais envie de quitter la salle soit par ennui soit parce que j’étais mal à l’aise. Je suis aussi très mitigée sur la fin du film, assez paresseuse et grossièrement amenée… Comme si Escalante choisissait de se débarrasser des personnages.
Bref, si vous allez voir ce film, c’est à vos risques et périls, vous êtes prévenus !

La Région sauvage Bande-annonce VO

La Région sauvage

de Amat Escalante

avec  Ruth Jazmin Ramos, Simone Bucio, Jesús Meza, Edén Villavicencio, Andrea Peláez

1 Comment

  1. Lili Galipette

    J’ai plutôt apprécié le film. J’y ai trouvé une poésie troublante.
    Finalement, l’alien sexuel est très secondaire : ça ou autre chose, il s’agit surtout pour les personnages d’assumer enfin leurs désirs.
    Et il y a des images très belles !
    OK, j’ai gloussé pendant la scène où il y a plein d’animaux qui copulent… là, c’était franchement cocasse. Finalement, je me demande si ce n’est pas fait exprès. 🙂

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