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[Avis] Le Mépris de Jean-Luc Godard

 
J’ai profité de la lecture du roman « Le Mépris » d’Alberto Moravia dans le cadre du Club des lectrices pour revoir l’adaptation (libre et éponyme) au cinéma par Jean-Luc Godard…Voici mon avis sur le film culte avec Brigitte Bardot et un rapide compte-rendu sur le livre !
Contempt (film)
Le Mépris – affiche originale (Photo credit : Wikipedia)

Synopsis

Paul Javal, scénariste, et sa jeune femme semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.

Avis sur Le Mépris de Jean-Luc Godard 

« Le Mépris » de Jean-Luc Godard est un film culte de 1963. Pour ses 50 ans, Carlotta Films a proposé une version restaurée…

Le Mépris  :  un film culte du cinéma moderne

Son générique d’ouverture est unique – et d’ailleurs il a inspiré celui de l’émission de radio « On aura tout vu ».
Quant à la musique de George Delerue, vous connaissez  l’air et au moment où j’écris ces lignes, il doit déjà  vous trotter dans la tête ! C’est un véritable leitmotiv.
Et puis, il y a cette scène mythique : une Brigitte Bardot en tenue d’Eve étendue sur un lit demandant à un Michel Piccoli (nu lui aussi) s’il aime ses fesses, ses seins, son nez, son visage, sa bouche, et j’en oublie. Et Piccoli lui répond qu’il l’aime « totalement, tendrement, tragiquement. « (Sommet de minaudage, scène parfois parodiée mais jamais égalée).

B.B. sera également étendue nue sur une peau de bête,  ou encore effectuera quelques brasses gracieuses sans aucun maillot de bain.  Jean-Luc Godard sublime Brigitte Bardot,  qu’elle adopte ou non un casque de cheveux noir à la Anna Karina.

Le Mépris : cinéma en Technicolor et en décor

 Dans le film Le Mépris Michel Piccoli monte les marches de la Villa Malaparte
Michel Piccoli monte les marches de la Villa Malaparte copyright DR



Toute la colorimétrie du film est très étudiée tout comme la mise en scène…
La beauté des paysages italiens est vraiment mise en valeur, surtout Capri.
Sur l’île de Capri, « JLG »  se plaît à filmer la villa de l’écrivain Curzio Malaparte,  un parallélépipède coloré avec un toit escalier pyramidal… Vision peu commune de cet escalier brique, sur fond de mer et ciel bleu, et de la blonde héroïne vêtue d’un peignoir bouton d’or.

Le Mépris : pourquoi ce titre ?

BB et Piccoli se font beaux dans le Mépris
Brigitte Bardot et Michel Piccoli se font beaux dans Le Mépris (c) D.R.

Le personnage de Piccoli, Paul, est partagé entre ses intérêts professionnels et l’amour pour sa femme Camille ( jouée par BB). Il croit qu’il doit choisir entre les deux. Paul sent que sa femme lui reproche quelque chose en rapport avec le producteur. Camille alias Brigitte Bardot le lui dit assez clairement par la suite et il faut voir les regards noirs qu’elle lui jette à plusieurs reprises. Si les personnage en viennent à se mépriser, le film dit tout son amour pour le cinéma. C’est même un magnifique hommage aux films…

 Le Mépris ou l’amour du cinéma

« Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s’accorde à nos désirs. »


 (Citation d’André Bazin apparaissant dans Le Mépris)



J’ai bien entendu aimé les références au septième art, le film dans le film.
J’ai apprécié les apports de Godard, comme la vision des studios Cinecitta  (on voit notamment le Teatro cher à Fellini) dans les années 60,  l’apparition de Fritz Lang dans son propre rôle… Et Jean-Luc Godard joue son assistant !
 Parlons acteurs. Jack Palance incarne un producteur américain légèrement fou, dominateur, habitué à ce que rien ni personne ne lui résiste…Un rôle particulier pour cet acteur qui a vraiment une gueule de cinéma.
En ce qui concerne Brigitte Bardot, son jeu me semble très affecté, elle en énervera sans doute plus d’un.
Je n’ai pas grand-chose à dire de Michel Piccoli, il ne m’a pas particulièrement impressionnée – à  part qu’il arrive à fumer le cigare et garder son chapeau sur sa tête tout en prenant un bain, en dialoguant avec sa femme… (Mais qui fait ça dans la vraie vie ? Pourquoi ?)

Le Mépris à Cinecitta (c) D.R.

On voit beaucoup d’art dans le film : des extraits du film « L’Odyssée« , mais aussi aussi des tableaux, des sculptures.
Et Paul parle de théâtre, sa vraie passion.

Une différence avec le roman éponyme :  les protagonistes sont de différentes nationalités et donc le film est quadrilingue (français, anglais, italien, allemand) ; cela donne un résultat très particulier, certains dialogues étant traduits en direct par l’assistante du producteur. Et cela peut refléter l’ambiance de certains tournages.

« L’Odyssée » sert de fil conducteur à Godard : il insère un gros plan sur une statue de Minerve ou Neptune lorsqu’une action se produit – ou plutôt lorsqu’une dispute arrive. En effet, le scénario sur lequel travaille Paul met en abîme sa relation avec Camille. Et Paul le scénariste, le producteur Prokosh, et Lang le réalisateur ont chacun leur vision d’Ulysse et de Pénélope.

Cependant le plus gros du film reste quand même des scènes intimes d’engueulades entre Bardot et Piccoli… Et là, l’ennui peut pointer le bout de son nez.

Quand le final arrive, le spectateur qui n’a pas lu le roman, sera surpris, sorti de sa contemplation -ou de sa léthargie diront les mauvaises langues. Puis le film repart vers autre chose… Et là, silence, silenzio !

 

Petit mot sur « le Mépris »,  roman d’Alberto Moravia (1954)

J’ai eu du mal à le lire, tant les personnages masculins, Riccardo le scénariste et Battista la producteur, étaient assez énervants voire détestables. Emilia est certes touchante, cependant j’ai trouvé peu crédible qu’elle agisse ainsi.

Il faut dire qu’une grande partie du roman est centrée sur les problèmes de communication du couple, vraiment énormes… (encore plus que dans le film).
La forme est différente du film ;  en effet, le roman se présente sous forme d’un long monologue de Riccardo, le scénariste. C’est un travail de mémoire qu’il opère, forcément subjectif. Alors que Godard et le spectateur sont omniscients. Ses atermoiements et son aveuglement sont assez irritants au bout d’un moment, même si l’on ressent une certaine compassion pour Riccardo à la fin.

J’ai bien entendu aimé les références à l’art, au théâtre versus film commercial, et au métier de scénariste, présentes dans le roman, et les références à l’Odyssée… Mais  elles sont présentes dans le film aussi !

En revanche,  je n’ai pas particulièrement apprécié le style d’Alberto Moravia. Bref, une lecture en demi-teinte. Le film est finalement plus marquant.

FICHE FILM LE MEPRIS 

De Jean-Luc Godard

avec Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Fritz Lang, Jack Palance, Giorgia Moll…

Date de sortie : 27 décembre 1963 (1h 45min)
Film franco-italien
 
***

La bande annonce du « Mépris » est assez amusante à regarder… Mais elle raconte tout le film !

 

 

 

 

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