« Les délices de Tokyo » a été présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015 .
Ce film m’a réconciliée avec l’œuvre de Naomi Kawase et je vous dis pourquoi ci-dessous.
Synopsis : Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ».
Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher.
Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable…
Avis : les délices de Tokue.
Je n’ai pas lu le roman « AN » de Durian Sukegawa qui a inspiré ce film. Est-ce que la réalisatrice a été fidèle au texte original ? Je ne saurai dire. Toujours est-il que j’ai trouvé le scénario excellent et la mise en scène de Naomi Kawase très subtile.
« An », c’est l’histoire d’une transmission, de la création d’une famille de cœur, d’une amitié intergénérationnelle … C’est aussi une déclaration d’amour aux dorayakis.
Nos héros ont des failles, des frustrations, un manque certain de confiance en eux… Ils sont pour une raison ou une autre, un peu en marge de la société nippone. Ces exclus vont s’entraider, se soutenir moralement… Et qui est celui qui apporte le plus à l’autre ? Ne serait-ce pas Tokue (qui souffre d’une grave maladie) ? Cette vieille dame donne l’amour des choses bien faites à Sentaro et se réjouit de vivre. Elle trouve de la beauté partout et partage son expérience de vie avec la jeune Wakana. Elle transmet l’amour de la Vie, de la Nature, et de la Cuisine (plus précisément la pâtisserie).
Cuisiner contient plus d’affects que le simple fait de (se) nourrir. Et la littérature et le cinéma nous le montrent quelquefois. Préparer un repas ou une pâtisserie en l’occurrence, c’est créer du lien, un rituel social (voire un moyen d’intégration), un partage, un don, une création… Bref, une preuve d’amour et une célébration de la vie. Tokue va transmettre tout cette pensée teintée de spiritualité, d’une façon quasi mystique, en apprenant comment cuisiner les dorayakis.
J’écris ceci et cela me semble pompeux.
Cependant, à l’écran, tout coule, sans aucun gros plan gênant ou discours balourd. Naomi Kawase filme avec délicatesse les haricots en train de mijoter, les arbres, l’échoppe, les visages… Oui, il y a des moments contemplatifs, presque de méditation dans ce Kawase. Mais non, ce n’est pas interminable ou vain.
Vous serez ému(e) par cette histoire, mais cette émotion viendra naturellement.
L’interprétation est de grande qualité.
Sentaro est interprété avec un mélange de rudesse et de sensibilité par Masatoshi Nagase. La jeune Kyara Uchida est très fraîche, elle convient bien au personnage.
Tokue est jouée par Kirin Kiki que l’on a pu voir chez Kore-eda, notamment dans Notre petite soeur et Tel père, tel fils.
C’est sa seconde collaboration avec Naomi Kawase après « Hanezu, l’esprit des montagnes« . Je ne me souviens pas vraiment de sa performance dans « Hanezu » et je n’avais pas accroché à ce film. Mais dans « Les Délices de Tokyo », je la trouve juste parfaite, tellement naturelle. On a l’impression que Tokue, c’est elle.
Certes, vu les thèmes abordés, le film est sentimental, mélodramatique, mais dans le bon sens du terme. Autre point positif, il y a de l’humour. Enfin, ce film est accessible à tous.
« Les délices de Tokyo » est une douceur pour les yeux et l’âme.
Après sa vision, vous devriez avoir envie de savourer le fait d’être vivant. Et plus prosaïquement, de vous procurer des dorayakis, ou un ouvrage de pâtisserie.
Les délices de Tokyo (AN)
(Sélection Officielle Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015)
Sortie le 27 janvier 2015
Durée : 1h 53min
NB : « Haut et court » vous propose de gagner des places pour voir ce film sur ce blog.
Plus je vois des avis sur ce film, plus je sais que je ne dois pas le rater !