« Marvin » réalisé par Anne Fontaine (Perfect Mothers, Gemma Bovery) est avant tout un récit initiatique. J’ai découvert ce film au Festival du film d’Arras où une partie de l’équipe du film s’était également rendue.
AVIS MARVIN OU LA BELLE EDUCATION
Tout d’abord il convient d’éclaircir un point : le film ne serait finalement pas l’adaptation du roman autobiographique « En finir avec Eddy Bellegueule » écrit par Edouard Louis et publié en 2014, même si on retrouve des similitudes dans les récits. Ou alors on peut dire que le film est très librement inspiré du livre ?
Quoiqu’il en soit, on peut dire que « Marvin », c’est l’histoire d’un coming out à la fois sexuel et artistique.
Jules Porier et Finnegan Oldfield incarnent ce jeune homme « pas comme les autres » comme le chanterait Céline Dion.
Marvin, en quête d’identité, finira par trouver sa voie, et par assumer qui il est. Il sublimera sa souffrance, son enfance traumatisante, en les transformant en art. On voit comment une enfance définit l’adulte, mais aussi comment on peut se forger soi-même…
Grégory Gadebois dans le rôle du père de Marvin, Dany est excellent , ainsi que Catherine Salée en marâtre. Les parents de Marvin sont proches des Thénardier, le père chômeur, fruste, violent par moments… La mère maladroite et également aussi inconsciente du mal qu’elle peut faire à son enfant avec son attitude.
Pour l’aider à s’en sortir, à avancer dans la vie et à se réaliser en tant qu’artiste et adulte, Marvin tombe sur quelques bonnes fées, quelques marraines si on veut rester dans le registre du conte de fées… Vincent Macaigne joue Abel Pinto un metteur en scène de théâtre également issu d’un milieu modeste et gay.
Auparavant Marvin aura rencontré Madeleine Clément (Catherine Mouchet), la nouvelle directrice du collège où il étudie, qui se prend d’affection pour le jeune garçon et repère ses aptitudes théâtrales.
Et puis Marvin rencontre un prince « charmant », ou du moins un homme riche et plus âgé qui le trimballe dans sa luxueuse automobile: Roland. Charles Berling incarne toute l’ambiguïté de ce Roland qui évolue dans un monde totalement différent des Bijou.
Enfin , il y a Isabelle Huppert qui joue son propre rôle et « l’ange gardien » de Marvin. A la fois désabusée, sérieuse et pas sérieuse. Isabelle Huppert comme on l’imagine dans la « vraie vie » !
« Marvin » bénéficie donc d’une belle interprétation. La prestation du jeune Jules Porier, 16 ans (et plus jeune à l’époque du tournage), est remarquable. C’est un acteur dont il faudra suivre la carrière !
Cependant, le film comporte des longueurs, des moments insistant sur les souffrances du héros qui à mon sens n’étaient pas nécessaires… Même si l’émotion est au rendez-vous par moments.
J’ai préféré la description de l’enfance de Marvin , même si très dure à regarder, à la période adulte. Les retrouvailles avec la famille sont en revanche superbes.
Je suis donc assez mitigée sur le film d’Anne Fontaine.
Mon mini avis audio sur « Marvin » est à écouter ici (à 1 minute)
https://soundcloud.com/seancelive/arras-film-festival-claire-fayau
Plus d’informations :
- « Marvin » a été présenté dans de nombreux festivals et a déjà obtenu un prix: le Queer Lion à la Mostra de Venise 2017 – sélection « Orizzonti »
- « Marvin« est le film de clôture du festival LGBTQI, « Chéries Chéris », il sera diffusé ce mardi 21/11.