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[Avis] Princess de Arto Halonen

Le réalisateur de documentaire primé Arto Halonen signe cette fois une fiction à partir de la vie d’une patiente de l’hôpital psychiatrique de Kellokoski en Finlande. Sortie en 2010, fort de plus de 400 000 entrées, « le film est devenu le plus grand succès du cinéma finlandais ».Mystères de la distribution :  le film est sur nos écrans six ans après sa sortie en Finlande… le 24 août 2016 plus précisément.

princess poster

 

Synopsis :
Princess s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Anna Lappalainen (1896-1988), qui a passé plus de cinquante ans à l’hôpital psychiatrique de Kellokoski. Atteinte de schizophrénie, Anna se prend pour Princess, membre de la famille royale d’Angleterre. Même si Princess compte elle-même parmi les patients de l’hôpital, elle consacre sa vie à aider ses proches et gagne le respect des autres patients, mais aussi du personnel soignant.

Princess

AVIS  : Princess bridée, imagination débridée

 Princess  est une sortie de biopic, puisqu’il s’inspire de l’ histoire vraie d’Anna Lappalainen, qui a vécu plus de 50 ans en hôpital psychiatrique. On peut désormais admirer sa statue dans les jardins dudit hôpital.

Anna venait d’un milieu simple et ses relations avec sa mère étaient conflictuelles , ce qui fait qu’elle a été placée dans 15 familles d’accueil différentes …
Qui n’a pas rêvé, enfant, que ses parents n’étaient pas ses vrais géniteurs  ?  Quelle petite fille ne s’est pas  déguisée en princesse ? Un fantasme enfantin qui est devenu en quelque sorte une réalité pour Anna.
Arrivée mutique à l’asile, Anna Appalainen se construit une identité. Elle recommence à parler et à s’ouvrir aux autres patients et au personnel en s’identifiant à une princesse.Cette ancienne danseuse de cabaret  fera souffler un vent de liberté qu’elle répandra autour d’elle, aidant au passage d’autres patients et s’attirant les bonnes grâces des villageois, du personnel de l’hôpital et du directeur de la banque locale.

Si cet aspect biopic peut sembler anecdotique ( même si Anna/Princess nous émeut), le film prend une tournure plus universelle.

Princess nous montre l’évolution des traitements des maladies psychiques et certaines scènes sont rudes à regarder : patient en camisole, rasés ou enveloppés, électrochocs et même lobotomie.  La caution histoire vraie nous émeut encore plus dans ces scènes.

Mais le film n’est pas manichéen : nous ne sommes dans « Vol au dessus d’un nid de coucous ».
Le personnel soignant n’est pas uniformément maltraitant – d’ailleurs tous les docteurs ne sont pas d’accord sur les méthodes à employer.
Ainsi le nouveau directeur de l’institution, Johan Grotenfeldt qui pourrait apparaître comme le grand méchant de par son ambition et sa promptitude à vouloir lobotomiser ses patients, a de bons côtés et n’est pas insensible.  Il est persuadé de lutter au mieux contre la maladie mentale. En revanche, le docteur Grotenfeldt conteste la vision de ses collègues qui eux, traitent Anna comme une princesse, acceptant de rentrer dans son délire pour le bien de tous. Car finalement, Anna n’a t – elle pas été utile aux autres patients et à l’hôpital ?  N’est- elle pas plus heureuse et libre que la plupart du personnel de Kellokoski ?

Le film est aussi une belle histoire d’amitié entre Anna et une autre patiente , Christina (de noble naissance) qui acceptera d’être sa « dame de compagnie ». Cette amitié m’a fait penser au récent « folles de joie » , notamment lors d’une fugue des deux femmes… Autre point de comparaison : le mélange entre les moments comiques causées par les frasques de l’héroïne et les moments dramatiques.

Katja Kukkola

Les interprètes sont bons,  ils se donnent à fond – à commencer par  Katja Kukkola qui interprète Anna Lappalainen ; l’actrice a reçu l’équivalent de l’Oscar de la meilleure actrice en Finlande pour sa performance. Krista Kosonen qui joue son amie Christina Von Heyroth,Peter Franzén et Pirkka-Pekka Petelius sont également marquants.
il n’y a pas grand chose à dire sur la réalisation : c’est un travail soigné.  On sent pendant certaines scènes le côté documentaire, par exemple les scènes de soin.
On sent aussi que le réalisateur a voulu ajouter quelques touches de poésie et de rêverie. Certaines scènes sont un peu longues,  d’autres auraient mérité d’être plus développées à mon sens.

Princess n’est pas un film de détente, c’est certain . En revanche, c’est un film qui a le mérite de faire découvrir une personne unique en son genre . De plus, il nous fait réfléchir sur la maladie mentale et le traitement que l’on réserve aux « fous » dans notre société.

 

princess

PRINCESS

(Princessa)

Durée 104 mn

Avec Katja Kukkola (Anna Lappalainen) , Samuli Edelmann (Johan Grotenfelt) , Krista Kosonen(Christina Von Heyroth)

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