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[Avis] Tristesse Club de Vincent Mariette avec Ludivine Sagnier, Vincent Macaigne, et Laurent Lafitte

J’ai adhéré au  » Tristesse Club « de Vincent Mariette, la première bobine cyclothymique du cinéma français. A découvrir demain dans les salles obscures !

AVIS (plus « Tendresse Club » que « Tristesse »)

[Commençons cet avis par une parenthèse que tu n’es pas obligé de lire, cher lecteur. J’ai beaucoup aimé « Tristesse Club » et pourtant j’ai du mal à écrire dessus. Pourquoi ? Parce que le film est d’abord assez inclassable et plus difficile à analyser qu’un film. C’est typiquement le genre de pépites que  j’ai envie de conseiller à mes proches en leur disant « Allez le voir…  je vous laisse la surprise ! »
Et puis j’ai  une raison plus personnelle. Comme nous sommes sur un blog et pas dans « le Monde » (qui a d’ailleurs rédigé une belle critique), alors je vais l’écrire… J’ai connu le réalisateur à la fac :   nous écrivions ensemble pour le journal cinéma de notre Université. C’est donc à la fois étrange et fascinant de voir le fruit du travail de Vincent Mariette. Et de donner mon avis dessus… C’est plus facile quand il s’agit d’un(e) inconnu(e). Qui aurait pensé il  y a dix ans de cela que l’un de nous écrirait sur le travail de l’autre ? Et qui aurait pensé que ce serait sur un blog ? Vaste débat ! Mais trêve de digression… ]

Il fallait se douter qu’après être passé sur les bancs de la Femis (section scénario) et s’être distingué avec ses courts (le dernier en date, les Lézards, déjà avec Vincent Macaigne a été nommé aux Césars cette année), Vincent Mariette allait réaliser un long métrage. Et il faut dire tout de suite que ce passage du long au court de Vincent Mariette est réussi.

Déjà, et c’est un critère totalement subjectif mais j’ai envie de le souligner : le long métrage n’est pas trop long : 1h30 ( merci, cela change de la tendance actuelle qui consiste à réaliser des films de plus en plus long). La structure du scénario est à la fois simple et subtile ;  ce film traite des liens familiaux perdus puis recréés, et certains plans et situations se répondent. La mise en scène est dynamique juste comme  il faut, tout comme le rythme : on en s’ennuie pas mais on n’est pas largués non plus. Et en même temps on est surpris ou déroutés par le déroulement des événements.

On aurait pu penser que « Tristesse Club » serait formaté drame à la française / scénario  Fémis… Et bien pas du tout. Certes, « Tristesse club »  parle de deuils, de nostalgie, de blessures d’enfance,de solitudes, de déception. Non, ne partez pas ! « Tristesse Club » n’est pas déprimant. On y  cause aussi d’amour, d’espoir, de (re)construction …

C’est un peu comme la « vraie »vie :  il  y a de moments plus durs à vivre que d’autres. On y croise de gens et on  les perd de vue. On développe des sentiments, on change d’avis… Les personnages passent par toute une gamme d’émotions et nous aussi ! D’ailleurs, chaque personnage révèle plusieurs facettes et l’interprétation est toujours impeccable.

Le sympathique Vincent Macaigne hérite d’un personnage de doux rêveur – créateur et gérant de sites de rencontres, néanmoins empoté comme pas permis dès qu’il s’agit de draguer ! Mais ce n’est pas aussi naïf qu’il n’y paraît… Vincent Macaigne est en ce moment un acteur qui monte, mélange improbable de Dewaere et de Depardieu.
Il paraît que pour ce film il devait s’inspirer de Bill Murray (cf  le dossier de presse). C’est vrai aussi que ces deux acteurs ont pas mal de points communs !

Laurent Lafitte, avec son personnage de « beauf -has been-connard-sympa » est par moments très attachant –  mais il peut également avoir  un comportement « borderline » voire dangereux ( la scène du lac avec les ados).

Ludivine Sagnier n’est ni une adorable menteuse, ni une femme fatale, ni un faire valoir pour les deux rôles masculins. Elle incarne une femme, une vraie, un être humain, certes avec « un grain »- mais qui  n’en a pas dans ce film?

Les seconds rôles sont mitonnés aux petits oignons.
Vincent Mariette s’est vraiment constitué une belle famille de cinéma. L’actrice réalisatrice Noémie Lvovsky est encore une fois excellente en femme suicidaire et fofolle.

Merci aussi d’avoir casté Philippe Rebbot :  il est aussi bon que dans  »Mariage à Mendoza ». Barré, fou furieux, mais aussi tendre et un peu paumé…
Quant à la jeune Délia Espinat -Dief, elle est juste parfaite dans son personnage de lolita peu conventionnel.

Les ruptures de tons créent une ambiance unique, et c’est une chose assez rare dans le cinéma français ces derniers temps. Donc oui c’est un film français, tourné en France ( en Savoie et dans l’Ain) mais on a plus l’impression de se retrouver dans un film anglo-saxon, entre Wes Anderson et Hal Ashby ( je pense à « Cœurs d’occasion » ).
En fait, « Tristesse Club » alterne genres de cinéma et atmosphères, comme si le réalisateur refusait de faire rentrer son film dans les cases. Et cela fait du bien d’aller au cinéma et d’être surpris, d’être en dehors de sa « zone de confort ».

Par conséquent, si vous avez envie de voir quelque chose de différent entre deux comédies et trois blockbusters, prenez un ticket (ou plusieurs) pour souscrire au « Tristesse Club ».
Si vous voulez un argumentaire plus développé, sachez que ce film contient certainement au moins une chose dont vous êtes fan : une belle réalisation, un casting de choix, de belles images et paysages, mais aussi une machine à lancer les balles, un feu d’artifices, du tennis (des années 80), de la musique, des chiens, de l’art , le prénom Vincent (ou Laurent ou Ludivine) et pour ceux que cela intéresse des filles en bikini ou en sous- vêtements…*

Le synopsis rajoute d’ailleurs d’autres éléments à la liste :

« Si vous aimez les jeux de pistes, les vieilles Porsche, les soeurs qui n’en sont pas, les pères pas vraiment morts, les lacs et leurs secrets: bienvenue au club. »

Avec cet inventaire à la Prévert, vous trouverez au moins une bonne raison d’aimer « Tristesse Club » !

Je vous laisse avec ma conclusion en forme de bulletin de souscription.

« Oui, J’ai beaucoup apprécié la réalisation de Vincent Mariette et le jeu des acteurs. Les ruptures de tons créent une ambiance unique, et certains dialogues sont à mourir … de rire. Le passage du long au court de Vincent Mariette est une réussite.  »

 ***

Edit 6 juin 2014 :  il y a encore une autre raison pour moi d’aimer le film de Vincent Mariette. J’y ai vu une allusion au « Genou de Claire » de Rohmer, film qui a donné le nom de l’URL de ce blog… Dans le dossier de presse, le réalisateur cite comme référence « Margot  at the Wedding », de Noah Baumbach, « une variation du Genou de Claire » (in DP, p13). La boucle est bouclée !

***

TRISTESSE CLUB

Au cinéma le 4 juin 2014
Un film de Vincent Mariette

Avec Ludivine Sagnier, Laurent Lafitte, Vincent Macaigne…

Durée : 1h30min
Distributeur : Haut et Court

Bande annonce :

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