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[Chronique ciné SF ] CHAPPIE de Neill Blomkamp

CHAPPIE-poster-USA

Aujourd’hui, j’ai décidé de tenter quelque chose de différent sur le blog.
En ce moment, je regarde beaucoup de films de science-fiction sous un angle différent.  Je ne m’attache pas tellement au scénario, aux dialogues, mais je me focalise sur la représentation de la technologie et du futur
Parlons donc de « Chappie » du réalisateur sud africain Neill Blomkamp (District 9, Elysium). Le film est sorti en France il y a un an (4 mars 2015).

Chappie compile de nombreuses références à des films de SF tout en se questionnant sur l’intelligence artificielle, la robotique, le transhumanisme et le libre arbitre.
Et c’est de ces sujets dont je vais parler dans cette chronique.
Attention :  je ne suis pas une spécialiste de l’IA, ce texte est une réaction de spectatrice.
Second avertissement : ce texte contient de nombreux spoilers… Voilà, vous êtes prévenus !

Synopsis de Chappie

« Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce. »

CP officiel via Allociné

AVIS sur CHAPPIE

Chappie ou  la police du futur
Chappie ou la police du futur (copyright Sony Pictures 2015)

Chappie n’est pas un bon film dans le sens où les acteurs ont l’air un peu perdus… surtout le duo de « Die Antwoord » (YO-LANDI VI$$ER et NINJA) qui jouent plus ou moins leur propre personnage,  mais comme s’ils étaient des gangsters de Joburg, au lieu de stars de la musique.

 Les dialogues ne sont pas de la grande littérature.
*Aparté : la première fois, j’ai regardé le film en VO non sous-titrée , j’ai eu du mal à comprendre, entre le jargon technique et les accents sud africains de certains personnages !*
Le ton varie entre tentative d’humour et violence – un robot coupe un homme en deux avec des cisailles ? (Gloups !)
Mais passons à ce qui est intéressant à mes yeux…

Apprentissage enfantin ou deep learning ? Chappie apprend à dessiner. (copyright Sony Pictures 2015
Apprentissage enfantin ou deep learning ? Chappie apprend à dessiner son papa, sa maman et lui-même. (copyright Sony Pictures 2015)

La vision de l’IA et de la robotique dans Chappie.

Deon Wilson (Dev Patel)  a créé des « scouts », des robots policiers pour remplacer les humains à Johannesburg. Ces robots policiers  à la silhouette presque humaine ont à la place des yeux une sorte d’interface à la Google Glass, avec de nombreux paramétrages. Leur vision ressemble à celle des robots de « Terminator » ou de « Robocop ». Cette intelligence artificielle est autonome et apte à remplacer l’humain pour certaines tâches, comme conduire, tirer sur une cible, arrêter un criminel, le menotter et l’incarcérer… mais contrôlable.

Créature et créateur (Dev Patel) dans Chappie (copyright Sony Pictures 2015)

Chappie (voix de Sharlo Copley) au départ, est un de ces robots.
Son créateur Deon  charge un programme (du deep learning compilant des milliers de données ? ) qui va permettre à la machine de prendre conscience d’elle-même et devenir unique (la fameuse Singularité). On assiste à la naissance d’une conscience.
Comme un nouveau né, Chappie doit apprendre à parler, à voir où se situe le mal et le bien. On doit l’éduquer. Son système d’exploitation des données lui fait assimiler toutes les données très vite (reconnaissance de sons, visages, apprentissage du langage…).
Il dépasse rapidement en intelligence les gangsters qui l’ont recueilli et son créateur -même s’il garde la maturité émotionnelle d’un enfant. Son créateur et sa « mère adoptive » (Yolandi), eux, souhaitent développer l’âme de Chappie. L’un le fait dessiner, l’autre lui lit des histoires et lui parle de l’au-delà.
Son « père adoptif », Ninja, ne le voit que comme une machine de guerre. Il manipule Chappie et ce dernier va finir par battre des policiers, et accepter de faire un casse…

Chappie, apprenant que sa batterie – et donc son existence – ne tiendra que 5 jours, cherche à copier sa conscience pour la mettre dans une autre carcasse… il transforme sa singularité en données. La conscience de Chappie nous est représentée comme un déluge de données, à la « Matrix ». Du big data, en somme.

Pour identifier et charger sa conscience, il utilise le cloud, Internet, un casque neuronal, un ordinateur et une demi- douzaine de … Playstation !
Chappie est un film distribué par Sony, ceci explique peut-être ce placement de produit ! D’ailleurs à un moment Devon regarde sa montre qui est de marque Sony Ericsson…
Sa capacité à assimiler les big data lui permet ainsi de dépasser son créateur à l’intelligence humaine et donc limitée.

Hugh Jackman chez le coiffeur ... Non, c'est bien un casque neuronal ! Copyright 2015 Sony Pictures
Hugh Jackman chez le coiffeur … Non, c’est bien un casque neuronal ! Copyright 2015 Sony Pictures

Deon est détesté par son rival, Vincent (interprété Hugh Jackman), ancien militaire.
Le projet de Vincent, un robot géant (l’Orignal) capote car la police de Joburg ne voit pas l’intérêt d’employer de si gros moyens alors que les scouts leur suffisent…
Vincent arrive à pirater tous les droïdes policiers en quelques minutes en leur injectant un virus à distance. Instantanément, tous les droïdes sont stoppés dans leurs activités, le spectateur du film peut localiser où se trouvent les robots et voir leur désactivation en même temps. Une fois qu’il a discrédité Deon, il propose de détruire Chappie qui a fait l’erreur d’aider son père criminel et passe à la TV, alimentant la peur de tout un chacun. La directrice du laboratoire lui donne son feu vert pour qu’il utilise l’Orignal, craignant que le laboratoire entier soit discrédité.

Après plusieurs péripéties, grâce à son libre arbitre – ou sa capacité à interpréter rapidement une grande masse de données ? – Chappie doit renoncer temporairement à son changement de corps pour sauver son créateur, mortellement blessé par balles. Cette fois, copier la conscience humaine ne lui prend que quelques minutes (!) à l’aide du programme dans son ordinateur et d’un casque neuronal.

La conscience humaine de Deon (ou ce qu’il en reste ?) nous est représentée exactement comme celle de Chappie… du big data à la « Matrix« . L’expérience réussit. Puis Chappie, in extremis, réussit à localiser un droïde policier dans les environs. Et il injecte sa conscience (ou plutôt les données de sa conscience) via les paraboles dans cette coquille désormais vide. Les deux robots fuient.

[SPOILER FIN DU FILM CHAPPIE] La scène finale va encore plus loin. La « mère adoptive » de Chappie, Yolandi, avait accepté de tester le casque neuronal. Chappie avait fait une sauvegarde de la conscience de sa maman sur clé USB. Celle-ci étant décédée, et le laboratoire de construction étant déserté, Chappie et ses amis activent les robots en charge de la construction des droïdes et les programment à distance pour qu’ils construisent un corps robotique à Yolandi.
Une réplique absolument parfaite en passant : les traits de l’actrice et du robot sont identiques : il faut croire que les données du visage de Yolandi – ou simplement sa photo ?- ont également été transmises.
Le film s’achève lorsque le robot Yolandi ouvre les yeux…

chappie check
Chappie sait checker (copyright Sony Pictures 2015)

La fin de Chappie nous montre donc comment une intelligence artificielle engendre une conscience artificielle et ressuscite une conscience humaine. Oui, c’est un final tortueux, un brin méta et en même temps, assez émouvant et inquiétant. Si la création de Chappie est bien de la science fiction, le projet de Vincent, à savoir un robot guerrier commandé par un casque neuronal, ne semble pas tellement éloigné de la réalité… Et celui de Deon, un robot policier à base d’intelligence artificielle n’est pas totalement impossible si l’on en croit les avancées technologiques.

Avez-vous vu ce film ? Avez -vous compris la même chose que moi ?

***

Pour aller plus loin
– Un article de Futurhebdo (fr) qui parle de « Chappie » avec un point de vue scientifique
–  les photos légendées du film par Techrepublic (en).

FICHE FILM CHAPPIE

Date de sortie 4 mars 2015 (1h 54min)

De Neill Blomkamp

Scénario : Neill Blomkamp et Terri Tatchell, d’après le court métrage Tetra Vaal

Avec : Sharlto Copley, Yolandi Visser, Watkin Tudor Jones, Dev Patel, Jose Pablo Cantillo, Hugh Jackman, Sigourney Weaver, Brandon Auret

Distributeur Sony Pictures Releasing France

Avertissement : des images peuvent choquer les plus sensibles.

3 Comments

  1. Lili Galipette

    J’ai beaucoup aimé ce film que j’ai trouvé très touchant, très humain, avec un regard un peu différent porté sur l’intelligence artificielle.
    Il y a des passages à pleurer de rire et d’autres à pleurer tout court.
    De Chappie, on finit par ne plus voir la mécanique, mais uniquement le coeur.

    • Claire

      C’est beau ce que tu écris. Oui,je n’en ai pas parlé des séquences émotionnelles dans ce billet qui se concentrait sur la technologie montrée dans le film. Mais le personnage de Chappie est en un sens plus humain que certains humains… Et le fait qu’il se fasse manipuler ainsi me fait penser à la condition d’enfants soldats (quand on lui met un fusil la première fois dans les mains, rah !) ou d’enfants abusés par les adultes. Je trouve quand même dommage que ce côté « sentimental soit noyé dans l’action.

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