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[Compte-rendu] Festival Lumière 2017 : un lumineux week-end de clôture. 

Toutes les bonnes choses ont une fin.  La neuvième édition du festival s’est achevée dimanche 22 octobre 2017, après neuf jours de célébration du cinéma.

Ce dernier week-end à Lyon s’est achevé en apothéose. Vivement l’année prochaine pour fêter les 10 ans du festival !

Samedi 21 octobre 2017 : in the mood for love, and Wong Kar-wai

Une journée exceptionnelle à mes yeux.

En fin de matinée avait lieu la conférence de presse de Wong Kar Wai.
Conférence de presse 
à laquelle j’ai eu la chance et l’honneur d’être conviée. Quelle surprise pour moi de passer une heure en petit comité, avec le Prix Lumière, Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux.

J’ai pu poser une question à WKW sur le choix de Faye Wong et de Norah Jones, deux célèbres chanteuses. Était-ce pour leur voix ? Réponse : non même si pour Norah Jones il a entendu le son de sa voix avant de voir son visage.

Ensuite a eu lieu le tournage du remake de « La sortie des usines Lumière« , rue du Premier film.

Comme c’est la tradition à Lyon, le prix Lumière met en scène à sa façon le film des frères Lumière, le premier du cinéma…  Pour jouer les figurants, les acteurs, réalisateurs, invités du Festival.

Thierry Frémaux a joué cette année le rôle de régisseur au côtés de Christopher Doyle (杜可風), Clovis Cornillac, Anna Karina, Hugh Hudson. Christopher Thompson, Charles Aznavour, Niels Arestrup, Sami Bouajila, Pierre Rissient, Emmanuelle Devos… étaient également devant la caméra de WKW !

Quel casting de rêve !

Les lunettes de soleil étaient de sortie en partie pour rendre hommage à Wong Kar-wai qui ne quitte jamais les siennes mais surtout parce qu’il y avait un magnifique soleil !

A l’issue du tournage, Wong Kar-wai a pu découvrir la plaque portant son nom sur le Mur des Cinéastes, rue du Premier Film…

Wong Kar Wai  s’est pris en selfie devant la plaque qui porte son nom rue du Premier Film. Le réalisateur et son épouse étaient accompagnés et pris en photo par Christopher Doyle (en manteau de fourrure ! ), les journalistes et les festivaliers.

Voici quelques instantanés de ce moment.

Christopher Doyle, présent à Lyon, rue du premier film, pour Wong Kar-Wai (« Tout est de sa faute ! « ) a repéré les journalistes. L’œil du tigre ! © Claire Fayau

Après tous ces événements riches en émotion,  retour dans les salles obscures.

Mon premier film du jour était une avant-première : « The Shape of water ».
Le film de Guillermo Del Toro  a obtenu le Lion d’Or lors du dernier festival de Venise.
Une belle avant-première comme l’a souligné Thierry Frémaux dans sa présentation car le film ne sort que le 21 février 2018 en France. Il s’agit d’un conte fantastique se passant pendant la guerre froide aux États-Unis. C’est pour moi un chef-d’œuvre qui mérite vraiment plusieurs visionnages. Promis, je vous en reparle sous peu !

© Twentieth Century Fox

J’ai enchaîné avec la dernière œuvre – en version restaurée – de Henri-Georges Clouzot : un film quasi expérimental appelé « La prisonnière » (1968) , une histoire de triangle amoureux sado-masochiste dans le monde de l’art. Une reprise en salles est prévue le 8 novembre dans le cadre du cycle Clouzot. La présentation de « La prisonnière » a été réalisée par Olivier Guez. Pour l’écrivain, « c’est le film le plus personnel de HCG ». Tourné en 67, le film est selon lui « révélateur d’obsessions majeures de Clouzot : le monde de l’art, la perdition et le pardon. »

La prisonnière permet en effet à H.G. Clouzot de mettre en scène sa passion pour la photographie. Ce cinéma quasi expérimental lui permet d’explorer son propre rapport au sexe et à la jalousie, alors qu’il venait de se convertir à nouveau au catholicisme. Clouzot montre « l’art cinétique », use de couleurs très » flashy » et de formes géométriques à la Vasarely, il a recours à  un rythme syncopé, et à une musique étrange, « atonale et hypnotique » par Olivier Guez.

C’est un peu « Belle de jour », « Attache moi » et « Le Mépris » en un film. Du coup, ces références paraissent limite bourgeoises en comparaison. Je n’ai pas aimé tout le film, saturant carrément à la scène du cauchemar :  des carrés rouges et bleus lumineux qui bougent frénétiquement – je ne suis pas certaine que les personnes épileptiques supportent ce passage des visages déformés… Cependant je reconnais que c’est une expérience de cinéma à part entière ! Les acteurs sont bons et Elisabeth Wiener qui tient le rôle principal est excellente. Dommage qu’elle n’ait pas eu accès à plus de reconnaissance.

Enfin, après avoir vu « the Shape of water » et « La prisonnière« , je ne peux m’empêcher de constater que l’amour peut prendre bien des formes…  et que le cinéma est là pour nous le démontrer. Cette pensée est renforcée après avoir écouté Wong Kar-wai, cinéaste des sentiments, et en particulier du sentiment amoureux. Un réalisateur qui crée des films avec des amours  souvent contrariées et contradictoires, et qui semble totalement fou amoureux de sa femme Esther, sa muse. Il lui a d’ailleurs joliment déclaré sa flamme lors de la remise du Prix Lumière, mais également à la conférence de presse.

Dimanche 22 octobre 2017 : la cérémonie

Alors que certains cinéphiles assistaient à leur dernière séance de cinéma, d’autres festivaliers étaient à la Halle Tony Garnier pour la cérémonie de clôture.

Le maître de cérémonie Thierry Frémaux, Bertrand Tavernier et Wong Kar-wai aux côtés des bénévoles et des organisateurs du festival Lumière 2017.©Claire Fayau

Fermez les yeux et imaginez 5 000 cinéphiles applaudissant à tout rompre le lauréat du Prix Lumière : voilà c’est ça, la clôture de Lyon Lumière. L’ambiance est incroyablement festive.

Le maître de cérémonie, c’est Thierry Frémaux. L’organisation du festival a confirmé mon sentiment : cette année,  les chiffres de fréquentation étaient en hausse et  les séances étaient presque toutes complètes – Thierry Frémaux a annoncé un taux de remplissage des salles de 92% !  Même le nombre de bénévoles a augmenté, passant de 600 à 700 cette année. Les bénévoles sont montés sur scène, ainsi que les organisateurs du festival sur la musique de « Happy Together », la chanson de The Turtles.

Wong Kar-wai a été acclamé lors d’une longue standing ovation. A noter que le réalisateur chinois a récolté une autre récompense lyonnaise en plus du Prix Lumière. Il s’agit du Prix des lycéens, attribué à « Chungking Express »(mon film préféré de Wong Kar Wai).

Je vous mets ici une partie du discours de Wong Kar Wai, en version anglaise, car le réalisateur s’est également adressé en mandarin au public venu de Chine. Une version plus longue sera mise en ligne.


Ensuite « In the Mood for Love « (2000) a été projeté dans une copie restaurée inédite. Le film de Wong Kar-wai est tellement romantique et hypnotique. Tony Leung et Maggie Cheung incarnent des êtres pudiques et extrêmement touchants… C’est l’histoire de deux voisins qui découvrent que leurs conjoints ont une aventure. La douleur les rapproche et eux-même sont tentés par l’adultère. Mais les convenances de l’époque – nous sommes dans les années 60 à Hong Kong-et leurs sentiments, parfois contradictoires, les retiennent. Rien ne change en apparence, tout est suggéré. Les citations de Liu Yichang (Tête -Bêche), la musique de Shigeru Umebayashi, tout est beau, tout simplement !

Pour finir un petit bilan personnel : en 5 jours j’aurais vu 8 films, assisté à une masterclass, une conférence de presse et une cérémonie de clôture, tout en explorant la belle ville de Lyon ( ah les bouchons lyonnais!)  et en faisant de belles rencontres.

Mon expérience se résume donc tout à fait par la devise du festival : « good films, good food, good friends« . (De bons films, de la bonne nourriture et de bons amis !)

BONUS :

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