Il est temps que je sorte de mon silence concernant « La French ». J’ai vu le film en avant-première ( tranquillement dans ma ville) et déjà il cartonnait à Marseille, ville où se passe l’action. Dans le reste de la France, »La French » est sorti le 3 décembre et marche déjà très bien !AVIS
Si je suis restée silencieuse, ce n’est nullement par réserve. Ce polar est solide. Dans son genre, il est très efficace, très réussi. Pourtant, avant de voir le film, je pensais en savoir déjà un peu trop (j’avais vu la promo reel , le film de promotion, lors du dernier Showeb), je me doutais de la fin de certains personnages puisque le film s’inspire de faits réels.Et bien je peux dire que je ne me suis pas ennuyée… L’ensemble est plutôt haletant.
L’interprétation est très bonne. Cédric Jimenez a trouvé des gueules de cinéma plus ou moins connues (Benoît Magimel, Gérard Meylan, Guillaume Gouix, Cyril Lecomte, Moussa Maaskri…Féodor Atkine en Gaston Deferre !) Les têtes d’affiche assurent. Jean Dujardin est vraiment convaincant en Pierre Michel, un juge accro au risque à l’action, et à la justice. Une sorte d’Elliot Ness. Je n’avais aucune idée de son implication totale dans cette lutte contre le grand banditisme et la drogue… Même si certains faits ont certainement été très romancés, on y voit un homme intègre, absorbé par son travail, qui repousse toujours les limites pour arriver à son but : arrêter Zampa et ses sbires. De plus, il n’était apparemment pas soutenu par sa hiérarchie ( au contraire…). Un beau portrait.
Ne parlons peut-être pas d’hommage, déjà parce que la famille du juge Michel ( sa veuve et ses deux filles) ne le considère pas comme tel, d’autre part parce que ce n’est pas un biopic à proprement parler. « La French » s’intéresse surtout à son travail et à sa lutte contre Gaetan – dit « Tany « – Zampa.
Quant à Gilles Lellouche, il est bluffant dans le rôle de « Tany », alias Gaetan Zampa, le caïd. il fait carrément penser à De Niro période 70s. Un parrain à la fois impitoyable, mais aussi une vie de famille et sociale qui semble normale… Céline Sallette et Mélanie Doutey sont très justes en « femme de ».
Surtout, on s’aperçoit de la corruption de la ville de Marseille à l’époque… Comment la French, véritable « pieuvre » contrôlait les arcanes du pouvoir. La reconstitution de la période est très bien vue, que ce soit dans les voitures, dans la musique, dans les costumes… Rien à redire. La mise en scène est nerveuse, le rythme plutôt haletant… (Il y a même un peu de trop de caméra à l’épaule à mon goût). Franchement on ne s’ennuie pas et la qualité est au rendez-vous.
Quand on voit le film on ne peut s’empêcher de le comparer aux grands films de gangsters/polars… Première référence, « The French Connection » de William Friedkin : il ne s’agit pas d’un remake, mais plutôt du pendant français. On voit très peu New York. Deuxième référence, « les Incorruptibles », sauf que l’alcool est remplacé par la drogue… Enfin pour la description du milieu, on pense au « Parrain », à « Il était une fois en Amérique » et aux « Affranchis »… Et bien entendu « Scarface » ! Avec un peu de Melville aussi. Des chefs d’oeuvre donc, et « la French » n’atteint pas ce niveau ( et n’avait certainement pas l’ambition de le faire) mais y faire penser est déjà très bien… Il a aussi l’intérêt de nous faire revenir sur un passé pas si lointain. « La French »est donc un très bon film français, que je vous recommande de voir.