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Retour sur la cérémonie de remise du Prix Jean Vigo (et palmarès)

Créé en 1951, le Prix Jean Vigo récompense un » auteur avenir « et met à l’honneur la liberté, l’audace, l’indépendance du cinéma d’auteur français.

jean vigo

Pour l’année 2015, la cérémonie s’est déroulée le 4 juin au Centre Pompidou.
Une cérémonie sobre, sans tambour et trompette et sans carpette.
« Un prix sans paillettes » selon l’expression d’un des deux lauréats, Damien Odoul.

C’est Agnès Varda (Vigo d’Honneur en 2012), qui a fait partie du jury pendant de nombreuses années, qui a remis les deux prix.

 

L’un a été attribué à Pierre – Emmanuel Urcun pour son moyen métrage « Le dernier des céfrans ».

le dernier des céfrans
Le synopsis se résume en ces mots :
Rémy galère et veut que cela s’arrête. C’est décidé, il va s’engager dans l’armée. Le hic, c’est qu’il n’ose pas en parler à ses quatre meilleurs potes (Boom, Nasser, Redouane , et Moussa).
En plus, il parait qu’il est le dernier » céfran  » de la cité.

On assiste à une comédie branchée et drôle, bien contemporaine, où le chômage envahit les cités et où l’amitié tient une place primordiale.
Rémy ( Remy Ferreira ) choisit de s’engager dans l’armée non pas par conviction ou vocation mais par opportunisme car  » on y trouve du boulot ».
La scène de recrutement est complètement foutraque, parfaitement décalée et risible à souhait.
Les test utilisés sont ridicules et ont été inventés-du moins , on l’espère … On sent l’admiration d’Urcun pour les frères Coen.

Ce portrait d’une jeunesse désenchantée, représentante de la diversité, devrait rencontrer un écho favorable auprès du jeune public qui se retrouvera dans le verlan utilisé et les vannes entre potes .
C’est davantage une vision masculine . Les femmes jouent un rôle secondaire. C’est la version rapide de » bande de garçons » , en face de la « bande de filles « de Céline Sciamma – ce dernier film étant beaucoup plus élaboré. Le ton est enlevé. Le rythme est vif. Les acteurs sont très naturels.
On ne s’ennuie pas dans ce divertissement bien ancré dans la société actuelle.

L’autre prix Jean Vigo a été remis à Damien Odoul pour son long métrage « La peur ».

la peur D Odoul
Là on est dans un registre magistralement différent…
Il s’agit d’un drame hyper réaliste racontant l’histoire d’un soldat d’une vingtaine d’années dans l’enfer des tranchées de la guerre 1914-1918 …
Le réalisateur a expliqué combien ce film a été dur à réaliser. Il a dû s’expatrier au Canada pour des raisons financières et semble avoir eu beaucoup de difficultés avec les syndicats qui vantent le « ciné food « .
Ce film est très bien réalisé et dénonce avec talent la cruauté et la bêtise de la guerre.
Il regorge d’images marquantes et retransmet d’une façon remarquable le bruit insupportable des armes et des explosifs…
Le spectateur en prend donc plein les oreilles et les yeux aussi car aucun détail ne lui est épargné : les membres déchiquetés, l’absence d’hygiène (une scène inoubliable où un soldat boit de l’eau croupie … ).
Le film est bien travaillé, la photographie est soignée.Les acteurs sont touchants et justes.
Le sujet, essentiellement focalisé sur une jeunesse sacrifiée, est inépuisable et indémodable.

Nous souhaitons bonne chance à ce film intéressant ( pas encore distribué en France) mais qui est en concurrence avec nombre de documentaires et films réalisés à l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale.

Note :

Les deux films primés seront présentés en séance exceptionnelle
lors du prochain Festival International du Film de Morelia au Mexique

(23 octobre – 1er novembre 2015)

Michèle et Jacques.

 

 

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