Menu Fermer

[Documentaire] « Le temps des amoureuses » de Henri-François Imbert

Retour sur un film discret … Le temps des amoureuses…

Affiche du film
Affiche du film Le temps des amoureuses copyright Shellac

L’histoire : Ce film part d’une rencontre, tout à fait fortuite, entre un homme qui a joué dans un film, il y a trente ans, et un autre, cinéaste, qui aime énormément ce film.
Il s’agit du film « Mes petites amoureuses« , de Jean Eustache ; et leur rencontre se passe à Narbonne, la ville où ce film fut tourné.
Le plus jeune des deux hommes, le cinéaste, se lance alors dans la réalisation d’une sorte de documentaire sur le tournage de « Mes petites amoureuses ». Hilaire, celui qui avait joué dans ce film, revient pour lui sur les traces de ce tournage, et tente de reconstituer la bande qu’il formait avec ses copains et que Jean Eustache avait décidé de filmer.(in DP)

Critique:

A priori, voici un documentaire assez ardu : il parle d’un film qui a trente ans … Le film de Jean Eustache , »Mes petites amoureuses » (1974) dont la trame est la suivante : Daniel, un jeune homme élevé par sa grand-mère à la campagne, retrouve sa mère qui vit avec un ouvrier espagnol à Narbonne. Son arrivée en ville va tout changer pour lui:il va découvrir l’amour. Récit initiatique nécessitant une bande d’adolescents.Ce sont ces adolescents que le cinéaste va voir trente ans plus tard.

Amour du cinéma et nostalgie

Film assez étrange sur le cinéma , le temps qui passe, les coïncidences de l’existence et les destinées, « le temps des amoureuses » rappelle, par son propos et son style, le documentaire  » Retour en Normandie » de Nicolas Philibert qui traitait lui aussi d’un film tourné trente ans avant: « Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère ». Sauf que là où Nicolas Philibert s’effaçait devant les paroles des ex-acteurs, pour ne laisser que quelques commentaire sur le tournage, Imbert qui n’a pas participé au film de Jean Eustache, se livre . Il nous raconte de sa voix particulière comment il a pensé à faire ce film via la rencontre avec Hilaire , comment il a aimé » Mes petites amoureuses ». De plus, Henri- François Imbert n’hésite pas à mentionner sa propre vie (il parle de sa mère narbonnaise qui a croisé Eustache plusieurs fois , de la maison de ses grands-parents , de ses enfants, nous montre un film de sa classe de neige quand il était petit…) Ce film est donc un film sur un film -et sur les relations entre cinéma et vie quotidienne. Mais aussi sur la nostalgie.

Rencontre avec le passé, et avec les acteurs d’un été.

Les acteurs d’un été qui apparaissent évoquent Jean Eustache, le cinéaste qu’ils ont vu travailler, mais ils disent aussi ce que le tournage a changé pour eux. Surtout Hilaire pour qui tourner un film a eu un caractère fondateur. Eustache l’a inspiré par son respect et sa facilité à communiquer avec les jeunes. Hilaire est persuadé que le cinéaste l’a influencé dans son choix professionnel : devenir éducateur…

Le documentaire sur le film d’Eustache passe alors derrière la caméra, et analyse le cinéma, non pas du point de vue du critique, cinéaste, ou autre professionnel du cinéma, mais du point de vue de ceux qui ont joué dans le film, ces adolescents d’il y a trente ans , et dont la vraie vie a été marquée pour toujours par cette expérience de jeu et de figuration. Pour certains on ne saura pas dans quel mesure le film aura modifié leur parcours de vie , car ils n’ont pas témoigné directement. Certains n’ont pas voulu parler ,ont posé des lapins au réalisateur ou à Hilaire.Comme si il leur fallait du temps pour remuer le passé.Ou garder une distance, que l’on viendra combler par de longs appels téléphonique sur  » LE » film ou la commande d’une affiche du film…De ce point de vue, le document de monsieur Imbert rappelle  » Retour en Normandie » , les difficultés à retrouver l’acteur qui jouait Pierre Rivière , et la question  » Que sont – ils devenus? Qu’est-ce que cette expérience de cinéma leur a apporté ? »

Le film s’attache surtout à Hilaire. Hilaire Arasa, c’est la sympathique star du documentaire, par qui tout a commencé. Il se met à réaliser son rêve de jeunesse, chanter, peut-être parce que le réalisateur est présent, peut-être » à force de repenser à tout ça « , peut -être parce qu’il repense au passé, peut -être parce qu’il va devenir grand-père…Et le cinéaste de filmer Hilaire sur scène, ou l’enfant qui vient de naître…

En conclusion

Il n’est pas nécessaire d’avoir vu le film « Mes petites amoureuses »pour se laisser séduire par ce regard d’un cinéaste amoureux du film d’un autre, et de tout ce qui touche à ce film, notamment les acteurs. Des tranches de vie des acteurs amateurs ,mais aussi du réalisateur ou de jeunes ados narbonnais de nos jours qui font écho à ceux du film d’Eustache.

City of Narbonne in south of France, and the S...
La ville de Narbonne (via Wikipédia)

Et une belle démarche de l’auteur, qui intervient en voix off et qui n’hésite pas à expliquer et montrer pourquoi il a fait ce film. Le film aurait peut-être gagné à moins de dispersion/digressions ou à raccourcir certains plans, pour faire plus d’entrées, mais c’est en même temps ce qui fait son charme et sa sincérité.Et c’est le parti pris du réalisateur de filmer la vie, de façon simple (avec du super 8, des photos…).
Un beau documentaire, à voir, même si on ignore tout du film original, de Narbonne, ou des réalisateurs.

***
Le Temps des amoureuses (2008)

De Henri-Francois Imbert
Avec Hilaire Arasa, Jean-Louis Dahmani, Aissa Ihamouine, Fabienne Dorey, Ernest Simo…

Date de sortie 11 mars 2009 (1h 23min)

Distributeur : Shellac

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.