Après la Jamaïque, je vous emmène en Martinique, à l’occasion de l’hommage à Aimé Césaire, poète, dramaturge et politicien martiniquais, au Panthéon, le 6 avril dernier. Hommage émouvant à un homme d’exception.
J’ai particulièrement apprécié le film d’ Euzhan Palcy. Sept minutes consacrées à la vie du grand homme, extraites de la trilogie Aimé Césaire, une parole pour le XXIe siècle (1994) qui sortira en DVD le 16 mai, tout comme le coffret de la trilogie Parcours de dissidents (2005). Et quand on parle d’Euzhan Palcy et d’Aimé Césaire, comment ne pas citer Joseph Zobel, et le film de Madame Palcy, Rue Cases -Nègres (Sugar Cane Alley)?
Ce film, bardé de récompenses à l’époque, sera projeté au prochain festival de Cannes : ne le manquez pas. Un honneur pour Euzhan Palcy. Le 18 mai, à New York, le Musée d’Art moderne de la ville (le MOM organise une rétrospective sur son oeuvre : The Euzhan Palcy Retrospective . Une saison blanche et sèche, avec Marlon Brando, en fera bien sûr partie.
Vous pourrez découvrir ci-dessous ma critique de Rue Cases-Nègres publiée l’an dernier, sur le site Ecran Noir.fr.
Reprise : Rue Cases-Nègres, une Martinique douce-amère
Blog EN, le 16 février 2010, dans Critiques, Films, Venise.
« L’instruction est la clé qui ouvre la deuxième porte de notre liberté. »
Synopsis
Martinique, années 30. Le jeune José vit avec sa grand-mère dans un extrême dénuement. Pour eux, comme pour tous les autres Noirs de la « Rue Cases-Nègres », l’existence est très rude puisque les seules ressources proviennent de l’exploitation des champs de canne à sucre…qui appartiennent aux Blancs. Si l’esclavage a été aboli, la dépendance économique le remplace. C’est dans cet univers aride que grandit José, sous l’œil bourru mais ô combien lucide et tendre de sa grand-mère, dont les principes d’éducation plutôt rigides n’ont qu’un but : armer au mieux son petit-fils pour lui permettre d’affronter l’avenir, un avenir qu’il ne pourra conquérir qu’en comptant exclusivement sur lui-même. D’après le roman de Joseph Zobel.( In DP)
Avis sur le film Rue Cases-Nègres
Le cinéma est fait pour ce genre de film initiatique où la vie d’un pays est décrit à travers les yeux d’un enfant. Après la vision de ce film, la canne à sucre a un goût amer, mais le message s’avère positif : avec un peu d’intelligence et beaucoup de travail, on peut se sortir de la misère, sans pour autant renier ses origines, ses racines ou sa famille. Un premier long- métrage coup de maître pour Euzhan Palcy (qui n’a jamais fait mieux depuis), récompensé par plus de 17 prix à travers le monde entier (notamment le Lion d’or à Venise) avec les soutiens de François Truffaut et Robert Redford tombés sous son charme.
Mention spéciale pour la défunte Darling Légitimus, « Miss Darling », épatante et touchante en grand-mère courage dont ce sera le dernier rôle après 50 ans de cinéma. Sans oublier les jeunes interprètes de José (Garry Cadenat) et son copain mulâtre Léopold (Laurent Saint-Cyr).
Aujourd’hui le film peut paraître un brin classique et académique dans sa forme, mais le fond reste -hélas- d’actualité, notamment avec les troubles qui ont agité la Martinique l’an dernier et la polémique récente sur l’absence de diversité dans le cinéma français.
Essentiel pour comprendre que notre identité nationale française ne se résume pas aux Gaulois et à la chrétienté. Universel, atemporel, il s’adresse à toutes les générations.
Crédits photos: Carlotta Films.