J’ai eu la chance d’interviewer Renaud Cohen lors du festival de Cabourg.
Le réalisateur était venu présenter « Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or ». Le film sort sur nos écrans le 8 août 2012.
Rencontre avec un réalisateur sinophone et plein d’humour au Grand Hôtel * .
Les écrans de Claire : Dans « Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or », on voit deux portraits qui parlent (dans leur langue maternelle) à votre personnage. Ces guides spirituels sont Nanni Moretti et Bruce Lee … Dans le dossier de presse, vous citez Woody Allen. Avez-vous d’autres références en tant que réalisateur ?
Renaud Cohen : Oui, beaucoup d’autres ! Pour la référence à Nanni Moretti, je suis un réalisateur qui joue dans son film, comme lui. J’ai une folle admiration pour Nanni Morretti. Dans « Caro diaro », la démarche de mettre le metteur en scène dans son propre film est originale. Nanni Moretti, c’est un outsider.
J’ai donc fait ce clin d’œil à Nanni Moretti, car pour Simon (NDLR : le personnage principal du film ), c’est la grande référence !Pour Bruce Lee, c’est le côté chinois du personnage qui s’exprime !
LEDC : Justement, pourquoi le chinois ? On vous voit parler mandarin dans le film…
R.C. : Le film est basé sur un grand nombre d’éléments autobiographiques. Pour moi la dimension chinoise est très importante. Cela permet de caractériser ce personnage. J’ai utilisé mon propre frère qui parle chinois également. La film a été projeté à Pékin et les spectateurs ont ri à la scène où on se dispute en mandarin. A la scène de la kippa dans la synagogue également : c’est un gag visuel, du style slapstick : universel !
LEDC : Comment avez-vous organisé le casting ? Comment a réagi votre famille en jouant dans le film ?
R.C. : Comme je n’avais pas d’argent au départ, j’ai utilisé ce qui était autour de moi, ce qui est gratuit ! Mes enfants, mes parents, ma maison, ma bosse… Ayant réalisé des documentaires, je savais qu’on pouvait mettre en scène des amateurs. Je suis allé chercher plus loin, j’ai choisi Frédéric (Pierrot) , Julie (Gayet), Maurice (Benichou).
Mes enfants étaient ravis, le cinéma arrivait à la maison avec l’équipe… Ils ont vu leur nom sur IMDB ! J’avais envie de transmettre à mes enfants un message positif, de dire que quand on a envie de faire quelque chose, il faut aller jusqu’au bout ! Mais une équipe de cinéma, cela prend de la place….Et ma dernière fille a éclaté en sanglots quand la femme de Simon (sa mère) part avec Bruno (Todeschini). Ma dernière fille est aussi absente pour la scène de « mon » enterrement.Il y a eu beaucoup d’improvisations dans ce film. La tortue a par exemple réellement attrapé le joint, ce qui n’était pas prévu ! J’ai procédé à de nombreuse réécritures du scénario au cours du tournage : le scénario n’était pas totalement abouti quand le tournage a commencé… Et le tournage a duré quinze jours !
LEDC : Qu’est ce qui a été le moteur pour faire ce film ? L’élément qui a tout déclenché ?
R.C. : Mon désir d’être réalisateur. La question « suis-je encore un réalisateur ? » C’est devenu une nécessité de tourner. J’avais envie d’exister comme cinéaste. Je me suis lancé un défi : mon anniversaire tombe en septembre, j’ai annoncé à des amis cette envie et de commencer le tournage en … novembre !
* NDLR : Nous étions dans un couloir, assis sur des fauteuils stratégiquement placés à la sortie des toilettes !
Biographie de Renaud Cohen
Renaud Cohen a suivi des études de sociologie, cinéma et chinois ponctuées par quelques mois en Chine Populaire et à Taiwan. En 1992, il sort diplômé du département scénario de la Fémis. En 1997, il obtient le Prix de Rome et est lauréat de la villa Médicis, section réalisation. Il tourne plusieurs documentaires télévisuels en Chine, s’attelle à l’écriture des longs-métrages Que Dieu me pardonne, La lutte des classes, Une femme du monde. En 2011, il réalise son second long-métrage Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or, dix ans après Quand on sera grand….
(Biographie extraite du dossier de presse du festival du film romantique de Cabourg 2012)
[Edit 08/08/2012 ]
Pour connaître mon avis sur le film, cliquez ici : [Critique] Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or de Renaud Cohen
Très bonne interview, bravo!
Merci ! Je précise que c’était une interview improvisée avec les moyens du bord : un bout de papier et un stylo, à l’ancienne … Pas de caméra ni d’appareil photo ni d’enregistreur performants. Ce fut bien plus sympathique et amusant pour moi qu’une conférence de presse.
Un grand merci à Renaud Cohen qui s’est prêté au jeu !
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