Aujourd’hui, je vous parle d’un ouvrage qui plaira à tout lecteur cinéphile, ou cinéphile lecteur : « Les écrivains du 7ème art » de Frédéric Mercier.
Vous vous en doutez, ce texte traite de cinéma et de littérature…
Voici la présentation officielle du livre et de l’auteur.
« Qui se souvient que Joseph Kessel a écrit une trentaine de scripts pour le cinéma ? Ou que Jean Giono signa le scénario d’un film dont Jean-Luc Godard fut convaincu qu’il était le symbole de la modernité cinématographique ?
Comme eux, Céline, André Malraux, Julien Green, Roger Nimier, Françoise Sagan, Patrick Modiano, Romain Gary, Michel Houellebecq, Emmanuel Carrère, François Bégaudeau – et bien d’autres encore – ont mis leur talent d’hommes de lettres au service du cinéma en tant que scénaristes, dialoguistes et parfois réalisateurs.
Les Écrivains du 7e art est une plongée amoureuse dans ces aventures cinématographiques parfois méconnues, qui convoque également les figures d’Éric Rohmer, François Truffaut, Arnaud Desplechin pour interroger la notion d’« auteur de cinéma », et tenter de remettre en lumière certains films aujourd’hui oubliés ou injustement mésestimés. »
L’auteur
« Frédéric Mercier est critique de cinéma. Après avoir travaillé plusieurs années pour la chaîne de cinéma classique TCM Cinéma et collaboré avec les Cahiers du cinéma, il est aujourd’hui membre de la rédaction de la revue Transfuge. »
(in quatrième de couverture)
AVIS
Je me dois de commencer cet avis de lecture par une note personnelle.
Il se trouve que j’ai eu l’occasion de rencontrer -grâce à ce blog- l’auteur de ce livre, Frédéric Mercier. D’abord en tant qu’invitée sur le podcast Kaboom. Puis au festival Lyon Lumière… et à d’autres occasions.
Lors de la lecture de cet ouvrage, j’avais l’impression d’entendre la voix de Frédéric comme sur les ondes – ou lors de nos échanges dans la vraie vie. C’est dire si cet ouvrage me semble être en cohérence totale avec la personnalité de son auteur.
« Les écrivains du 7ème art » n’est donc pas un catalogue impersonnel ; de toute façon l’exhaustivité n’était pas possible pour un tel sujet.
On sent que Frédéric Mercier a porté ce projet de livre de manière personnelle.
Par exemple, il n’hésite pas à justifier ses choix dans l’introduction. Il se permet le » je » de manière sporadique. Enfin, en postface, il s’interroge sur le terme «littéraire » appliqué à certains cinéastes.
Il se confie même sur François Bégaudeau, qu’il a rencontré à Transfuge, un « animal » dont il « redoutait la férocité »…
J’ai apprécié ces « digressions », cela rend l’ouvrage plus attractif, plus « humain ».
Le style est dense et recherché, mais je ne me suis jamais ennuyée.
La présentation du livre est claire, ponctuée de quelques illustrations en noir et blanc (des portraits des artistes).
L’ouvrage est divisé en grandes parties, « Films rêvés » , « Les poètes du cinéma », » Les écrivains de cinéastes », « Écrivains cinéastes d’hier » , « Écrivains cinéastes d’aujourd’hui », « Cinéastes littéraires »… Un chapitre correspond à un auteur. Chaque sous-partie traite d’une oeuvre ou d’une période dans la vie de l’artiste dont il est question.
Chaque chapitre est très complet, mais accessible à tous. Le livre peut se lire d’une traite en suivant l’ordre chronologique. Néanmoins, les amateurs (et/ou impatients) comme moi aimeront « butiner » chapitre par chapitre en fonction de leur envie.
J’ai particulièrement dévoré les chapitres sur Françoise Sagan, Jean Giono, Eric Rohmer » cinéaste littéraire » – normal, me direz-vous, vu l’adresse URL de ce blog – et Emmanuel Carrère.
Le chapitre sur André Malraux, écrivain, ministre de la culture en son temps et cinéaste, vaut à lui seul la lecture de cet ouvrage. D’ailleurs, c’est lui qui fait l’objet de la couverture. On y voit Malraux faire l’ouverture du musée du Havre…
Surtout, j’ai fait des découvertes ; par exemple, j’ignorais tout de la personnalité et du parcours de Paul Gégauff.
J’ai donc noté quelques films et romans à me procurer par la suite, comme « Au grand balcon « de Joseph Kessel, adapté à l’écran par Henri Decoin.
Si vous vous intéressez à « l’adaptologie » (la transposition cinématographique d’oeuvres littéraires), ce livre donne matière à réflexion. Il faut reconnaître que le cinéma regorge de films adaptés de romans ou pièces de théâtre… Notons que Frédéric Mercier parle aussi de téléfilm et de séries télévisées, il ne se contente pas de citer des adaptations sur grand écran. L’ouvrage est donc très documenté, truffé de citations.
On apprend donc beaucoup de choses grâce à ce livre.
On pourra y découvrir des anecdotes, l’existence de scénarios oubliés et de projets avortés qui auraient pu être grandioses. Dans notre société qui aime mettre les gens dans des cases, il est intéressant de voir que des écrivains ont essayé de sortir de leur zone de confort pour tenter l’aventure du cinéma.Tentatives soldées par un échec ou une collaboration fructueuse… Et, à l’inverse, il existe des cinéastes qui sont aussi écrivains…
Les étudiants en cinéma devraient trouver leur bonheur dans ces quelques 370 pages, d’autant plus qu’une filmographie d’une vingtaine de pages peut être consultée en annexe.
Le lecteur pourra aussi trouver une bibliographie à la fin de l’ouvrage.
Au final, »Les écrivains du 7ème art« est un texte instructif, nous montrant les liens complexes entre littérature et cinéma.
Merci Monsieur Mercier pour ce « pas de côté » dans votre carrière.
***
Les écrivains du 7ème art de Frédéric Mercier
Éditions Séguier
Prix: 22.00 €
Format: 15×21 – 372 pages
Parution : 31/03/2016
ISBN: 9782840496953
Remerciements aux éditions Séguier et à Gilles Lyon-Caen.