Je vous propose un retour en arrière de 8 ans. En effet, octobre 2023 c’est la mois du Festival Lumière à Lyon. Et Martin Scorsese, primé par le Festival en 2015, a demandé que son film Killers of the flower moon y soit diffusé en avant première…
Je ressors donc de mes archives cet article publié pour We love cinéma… Le film dure 3h26 et c’est une adaptation d’un texte de David Grann que je vous recommande. Mon avis plus détaillé sur La Note Américaine se trouve ici.
Clint Eastwood. Milos Forman. Quentin Tarantino. Pedro Almodóvar.
Ils ont eu des Oscars, des César… C’est presque banal. Ces réalisateurs sont également les lauréats d’un prix très rare: le Prix Lumière, remis lors du Grand Lyon Festival, dit Lyon Lumière. Un prix dont les lauréats sont désormais au nombre de sept.
En 2015, Martin Scorsese a rejoint à juste titre ce club. Le Prix Lumière, c’est une sorte de « Nobel du Cinéma ». Un prix qui est fait pour lui, le défenseur des films de patrimoine avec la fondation qu’il a créée pour restaurer les films, la World Cinema Foundation.
Le cinéaste américain, à la carrière exemplaire, venait pour la première fois à Lyon, le berceau du cinéma. Les festivaliers ont pu le croiser à de nombreuses reprises, notamment lors des cérémonies, du tournage du remake de la « Sortie d’ Usine » des frères Lumière… Ou encore lors d’une passionnante masterclass. Retour sur une folle semaine sur les traces de « Marty ».
© Institut Lumière
La masterclass : Scorsese is talking to you !
Vendredi 16 octobre 2015, à 15 heures, dans le magnifique Théâtre des Célestins, Martin Scorsese expliquait comment sa cinéphilie était née : « Enfant, j’étais un petit garçon asthmatique. Les médecins disaient : ne le laissez pas dehors […] donc mes parents m’ont emmené au cinéma ! ». Nous avons également appris que le montage était son processus favori dans la création d’un film. Le réalisateur a un peu parlé de son enfance, de sa famille.
Il a aussi évoqué son genre de prédilection, celui qui l’a fait connaître, le film de mafia : « Pour Les Affranchis, j’ai utilisé ma propre connaissance de ce milieu de gangsters. Après Mean Streets qui était complètement autobiographique, c’était l’étape suivante. »
Le réalisateur a évoqué ses projets, dont Vinyl, une série sur l’univers musical des années 70 conçue avec Mick Jagger, et Silence, un film dont l’histoire s’inspire d’un roman japonais du même nom. Scorsese a révélé le titre de son prochain film avec Robert De Niro, un de ses acteurs fétiches : il s’agit de L’Irlandais, encore en recherche de financements. Les chanceux qui étaient à la masterclass ont pu découvrir le teaser de Vinyl. Les autres pouvaient suivre la conférence en direct sur Radio Lumière, la radio du Festival Lumière.
La remise du Prix Lumière, point d’orgue du festival
Cette soirée se rapproche de la cérémonie des César, des Oscars ou du Festival de Cannes.
Pour un soir, les festivaliers et les célébrités se retrouvent pour rendre hommage au lauréat. Le Prix Lumière a été créé par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier afin de rendre hommage à une personnalité du septième art, à l’endroit même où le Cinématographe a été inventé par les frères Lumière et où ils ont tourné leur premier film, Sortie d’Usine, en 1895.
Les hommages ont plu ce vendredi soir, soit en direct, soit via des messages enregistrés (Robert De Niro et Bertrand Tavernier n’ayant pas pu assister à la cérémonie).
C’est Salma Hayek qui a remis le prix à Martin Scorsese.
A noter que chaque année, une star chante pour l’artiste récompensé. Mélanie Laurent avait chanté pour Quentin Tarantino. Agnès Jaoui pour Pedro Almodovar… Cette année, ce furent Camelia Jordana et Jane Birkin qui poussèrent la chansonnette pour Martin Scorsese.
La remise de prix était décidément très chantante, car elle s’est clôturée par un karaoké géant sur l’air de New York, New York du film éponyme.
La version restaurée de Taxi Driver, Palme d’or au festival de Cannes en 1976 a été projetée. Comme de coutume, les spectateurs sont repartis (en taxi ?) avec un bout de pellicule – en l’occurrence, celle des Affranchis.
La cérémonie de clôture : l’apothéose
Ce dimanche n’était pas de tout repos pour Martin Scorsese… 5 000 personnes l’attendaient sous le toit de la Halle Tony Garnier. Martin Scorsese était là, visiblement ému. Thierry Frémaux, comme à son habitude, était épatant dans le rôle de maître de cérémonie.
Loin d’être une cérémonie guindée, la clôture est un moment festif, où l’on remercie les bénévoles du festival, où l’on offre une bonne bouteille de vin local au lauréat – vous avez déjà vu ça ailleurs ?
Comme pour les autres manifestations du festival, tout cinéphile est le bienvenu, il suffit d’acheter sa place. Et pourtant, dans la salle, on avait la crème de la crème du cinéma actuel : Max von Sydow, Emma de Caunes, Bérénice Bejo, Michel Hazanavicius, Abbas Kiarostami, Régis Wargnier. Thelma Schoonmaker, la monteuse attitrée de Martin Scorsese, était également présente. Seul absent, Bertrand Tavernier, président de l’Institut Lumière, qui avait fait tourner Martin Scorsese dans Autour de Minuit il y a 30 ans. Le réalisateur français était en effet souffrant.
La bande-annonce du Festival Lumière a été projetée. On a pu aussi visionner douze minutes d’extraits de films de Martin Scorsese. J’ai notamment retenu l’extrait du film du héros du jour, Hugo Cabret, hommage à la création du cinéma et Méliès. Une longue « standing ovation » a accueilli Martin Scorsese sur scène.
Le cinéaste s’est dit « absolument bouleversé par tout ce qu’il a vécu ces derniers jours ». Il a ajouté : « Je n’ai jamais été aussi heureux de ma vie […]. Ce festival est l’occasion de rappeler l’importance de ce cinéma, contre la « folie » des images. »
La cérémonie s’est terminée par la projection des Affranchis, affichant 25 ans au compteur en 2015 . Une référence. Le public, enchanté, aura pour quelques heures respiré le même air que Martin Scorsese et partagé sa passion du cinéma.
