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[Critique] La Bataille de Solférino de Justine Triet

Présenté à l’ACID, « La Bataille de Solférino » fait partie de la compétition du Festival Paris Cinéma. C’est dans ce cadre que j’ai découvert ce premier long métrage de Justine Triet en avant-première. L’équipe du film était là. Même les deux adorables petites actrices étaient présentes lors du débat organisé à la fin de la projection. Retrouvez ci-dessous mon avis sur « La Bataille de Solférino » – et quelques photos de la rencontre.

 [Edit 8 juillet 2013 ]: « La Bataille de Solférino » remporte le Prix du Public au Festival Paris Cinéma !

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AVIS

L’avantage des festivals, c’est qu’on découvre toujours des films.
Honnêtement, en lisant le résumé, je n’étais pas tellement attirée par cette Bataille.
Voici le synopsis :
« 6 mai 2012, Solférino. Laetitia, journaliste télé, couvre les présidentielles. Mais débarque Vincent, l’ex, pour voir leurs filles. Gamines déchaînées, baby-sitter submergé, amant vaguement incrusté, avocat misanthrope, France coupée en deux : c’est dimanche, tout s’emmêle, rien ne va plus ! »

Au final, j’ai bien aimé ce premier film, malgré ses petits défauts.

Affinités électives (ou pas). La bataille du titre évoque autant celle des deux candidats à la présidentielle au second tour que celle du couple pour la garde de leurs enfants. Justine Triet filme aussi bien le désordre dans la rue que celui qui règne dans la tête et dans la vie de ses personnages. « La Bataille de Solférino  » montre de façon très réaliste et naturelle le  dialogue de sourds qui s’installe entre les deux anciens amants (Vincent Macaigne et Laetitia Dosch sont excellents). Les « échanges » entre Vincent et Lætitia tiennent de « Kramer contre Kramer » tout en gardant un style bien français. Pour servir d’intermédiaires (« tampons » ?) et empêcher que le film ne bascule dans le drame,  Justine Triet fait intervenir une galerie de personnages plutôt  sympathiques :  le petit ami gentil mais collant (un rôle assez génial), le baby-sitter qui veut bien faire, la bonne copine, le  bon copain « presque avocat »,le voisin prévenant … Sans compter les deux petites filles qui ponctuent le film de leurs pleurs. Mais le film n’est pas un huis clos.

Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment … mais aussi pour ceux qui se détestent…
Si la folie et la haine envahissent les deux héros, cette même folie s’empare de la foule parisienne qu passe d’affrontements entre deux partis à la  liesse des résultats,  puis plus tard dans la nuit, à des accès de violence et un certain désabusement. On suit les personnages dans une foule immense ; la réalisatrice a confié qu’elle s’attendait à voir  3000 ou 4000 personnes. Or le  6 mai  2012, plus de  10000 personnes sont venues !  Agoraphobes s’abstenir : on vit vraiment le mouvement de foule, d’autant plus que Lætitia est journaliste pour I-TV. Anecdote amusante, la comédienne Lætitia Dosch a accompagné une journaliste mère de famille pour se familiariser avec le rôle. Apparemment, cette immersion et son jeu ont fonctionné car, le jour J, on l’a vraiment prise pour une journaliste !

Certains plans de la foule sont vraiment très réussis et impressionnants, notamment un plan aérien où l’on voit Vincent Macaigne se frayer un passage dans la marée humaine. J’ai beaucoup apprécié la justesse de ton du film. Lors des disputes, la réalisatrice scénariste montre bien l’escalade de violence, et l’impossibilité à communiquer. Ce problème de communication s’illustre avec le personnage de Vincent répète par exemple tout le temps la même chose à celui de Laetititia.
Et  j’ai beaucoup ri : le baby-sitter qui découvre le pétrin dans lequel il s’est mis, la scène chez le fleuriste, ou au restaurant chinois… A noter que les acteurs donnent leur propre prénom aux personnages qu’ils incarnent, engendrant encore plus de confusion entre la fiction et la réalité. Les dialogues sont pétillants, et les acteurs en grande forme – contrairement à leurs personnages qui semblent presque tous exténués par les circonstances !

Le seul reproche que je ferai au film, c’est de vouloir trop en mettre. J’imagine que le montage des rushes a été difficile, notamment les scènes de rues… Certains passages sont un peu longuets, voire peu utiles –  pourtant le film dure 1h34. Ainsi, le copain philosophe qui dit à Laetitia qu’elle n’a aucune imagination ou encore l’ultime séquence n’apportent, me semble-t -il, que peu au récit.
Cependant Justine Triet filme si bien la vie, les amours et les emmerdes qu’on lui pardonne aisément. Vivement son second long métrage !

La Bataille de Solférino 

France, 2013

De Justine Triet

Scénario : Justine Triet

Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari, Virgil Vernier, Marc-Antoine Vaugeois…

Durée : 1h34

Sortie : 18/09/2013


La Bataille de Solférino (extrait via Allociné).

Photos souvenirs du débat du samedi 6 juillet

Un grand merci à Leonora Perrin pour le prêt de photographies !
Laetitia Dosch (en bleu) ©Claire Fayau
Laetitia Dosch (en bleu) ©Claire Fayau

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