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(Avis) Azuro d’après Marguerite Duras

Azuro est une adaptation du roman Les Petits Chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras (1953).
Pour son premier film, Mathieu Rozé a fait appel à une référence en matière de littérature francophone et à une troupe d’acteurs hétéroclites (Valérie Donzelli, Florence Loiret-Caille …).

Le jeu en valait-il la chandelle ? Voici mon avis sur ce film estival qui sort judicieusement en DVD pendant les vacances d’été.

Synopsis du film Azuro

Un été. La torpeur. Une chaleur écrasante. Un climat déréglé. Un village coincé entre la mer et la montagne. Pas de réseau. Pas de portable. Des amis qui se connaissent trop bien. Rien à faire. Ou si peu. Les vacances. Et puis arrive un bateau. Et de ce bateau, descend un homme. Un homme mystérieux.

Synopsis via Blaq out

Avis sur le film Azuro

Dans Azuro, Nuno Lopes joue un mystérieux inconnu qui va bouleverser un groupe d’amis en vacances (c) Blaq Out

Côté histoire : rien de nouveau sous le soleil.

J’ai lu le roman de Duras il y a une dizaine d’années dans le cadre d’un club de lecture. J’en ai peu de souvenirs car il ne s’y passe pas grand-chose à l’instar du film.

Avec les autres membres du club de lecture, nous avions noté que les personnages sont  »tous plus détestables les uns que les autres, passent leur temps à se plaindre (de la chaleur, de leur hôtel, de leur bonne…), à boire et à attendre la pluie qui ne vient pas(…) Il y a bien une tension qui s’installe dans le groupe mais finalement ça ne mène à rien. »

Dans le film c’est un peu pareil : on subit cette histoire qui décrit si bien l’ennui et l’indolence. C’est beau, il y a une ambiance particulière mais il ne se passe pas grand-chose. Sea, sex and sun. Et oui : on voit la mer, le soleil et un peu de sexe. En termes d’enjeux ça reste mince. Beaucoup de bruit pour rien. Les dialogues sont la plupart du temps anodins mais parfois une belle phrase apparaît.

Des personnages superficiels, sous le soleil

Le casting ne sauve pas le scénario, les personnages n’ont pas assez de profondeur pour que l’on puisse vraiment s’attacher.

J’aurais pu m’intéresser au sort de Sara, mère de famille en couple avec un homme qu’elle n’aime plus que d’habitude et parce qu’il est le père de son fils adoré. Malheureusement de personnage ne m’a pas fait vibrer…

Sara alias Valérie Donzelli fume comme un pompier et fait la gueule pendant quasiment tout le film. C’est sûrement un jeu très intériorisé mais l’interprétation de Valérie ne m’a pas convaincue (cette fois).Elle évolue un peu mais pzs autant qu’on pourrait le penser.

Même si on n’a pas lu le roman, on se doute que Sara est attirée par cet homme mystérieux incarné par Nuno Lopes. Elle n’a l’air ni heureuse ni vraiment malheureuse aux côtés de son mari (Yannick Choirat vu dans De Rouille et d’os. ) Elle s’ennuie beaucoup… Une sorte d’Emma Bovary, en moins rêveuse et confiante.

Florence Loiret-Caille apporte un peu d’humour à l’histoire , mais son personnage d’amie célibataire et extravagante, Margaux, reste aussi très superficielle, entre deux Campari et séances de bronzage topless.

La petite étincelle vient de Thomas Scimeca (Le film que nous tournerons au Groenland) . Cet acteur joue d’habitude les rigolos, les rêveurs… Ici il tire son épingle du jeu en interprétant Vadim, un boute-en-train certes un peu maladroit mais aussi un amoureux passionné et un ami sincère et fidèle.

Avec sa compagne Gina, Vadim est en effet tout feu tout flamme. Mais c’est aussi lui qui fait la cohésion du groupe. Son personnage bien que râleur et de mauvaise foi est le seul à être sympathique.

Gina paraît se plaindre tout le temps se révèle finalement sympathique. C’est la seule à voir clairement la liaison qui se crée et à se méfier ouvertement du bel inconnu. Maya Sansa (Alceste à Bicyclette) apporte du charme à son personnage, mais dispose de trop peu de temps de présence à l’écran pour pouvoir l’étoffer.

Ensuite il y a les personnages secondaires : le jeune enfant, sa demi-sœur adolescente amoureuse d’un pompier, pompier dont le grand-père n’est autre que le tenancier de l’hôtel restaurant du groupe. Ce grand – père refuse que son petit-fils fasse le pompier alors qu’il y a des incendies partout car son fils, le père de son petit-fils donc, a péri dans un incendie… Dans le roman on parle du deuil d’un enfant mais c’est abordé autrement.

Une ambiance estivale et originale

Pour Azuro, son premier long métrage, Matthieu Rozé s’est entouré d’un joli groupe d’acteurs : de droite à gauche :  Valérie Donzelli, , Yannick Choirat, Thomas Scimeca ,Maya Sansa et Florence Loiret-Caille . Photo (c) Blaq Out

Dans le roman, on est clairement en Italie – dans le film, le réalisateur est moins précis et a souhaité que les locaux s’expriment en espéranto. Pourquoi pas. C’est original mais ça ne change rien à l’histoire, et les personnages veulent quand même voir les chevaux de Tarquinia.

Azuro bénéficie de la musique assez envoûtante de Kid Francescoli, un groupe de pop électro français. La BO est dans l’ensemble surprenante…

Pour son premier long-métrage, Matthieu Rozé n’a pas choisi la facilité car ce roman de Duras est particulier.
On sent une envie de bien faire. Le film a été tourné en pellicule Super 16, il y a de beaux décors- même si c’est une sorte de huis clos, le groupe restant finalement fermé sur lui – même .
L’utilisation de filtres de couleurs donne une image caniculaire de l’endroit… Par contre j’ai trouvé la tempête peu réussie au niveau des effets spéciaux.

Je n’ai pas aimé le final avec l’enfant. Certes c’est symbolique ( l’enfant s’envole la mère ne le couve plus.) Toutefois, personnellement j’aurais trop peur que mon enfant se fasse du mal….

Au final, AZURO est un premier film assez déroutant. Ce n’est pas désagréable à regarder la plupart du temps, on pourrait qualifier ce film de cinéma atmosphérique. Toutefois il ne reste pas grand-chose en mémoire à part des quadragénaires / quinquas plutôt aisés qui parlent de la vie en nageant, fumant et en buvant des coups … Si vous êtes amateur du style de Duras, ce film pourrait vous plaire. Bizarrement, pour ce film se déroulant en pleine canicule ( et vu en pleine canicule) j’ai un ressenti assez tiède.

Fiche du film Azuro



Azuro est disponible dès le 23 août 2022 en DVD, et accompagné d’un making of – que je n’ai pas regardé.

-Durée : 1H45
Langues : Français 2.0 et 5.1, audiodescription. Sous-titres : pour sourds et malentendants
Supplément : Making of
Disponible en DVD au prix public conseillé de 19,99 € TTC
Cette sortie est éditée par BLAQ OUT

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