Armageddon Time, le dernier film de James Gray, raconte de manière plus ou moins déguisée l’histoire de son enfance dans le New York des années 1980.
Voici mon avis.
Avis sur Armageddon Time : Il était une fois dans le Queens
Pour une fois, commençons par l’explication du titre : c’ est une allusion à la chanson » Armagideon Time » de The Clash. il nous raconte la fin d’un monde, c’est à dire la fin de l’innocence de l’enfance et l’avènement des années Reagan, symbole du capitalisme. La fin du monde pour la famille du jeune héros…
James Gray est un réalisateur connu pour « The Immigrant » , « Two Lovers », « Little Odessa », « The Lost City of Z » et « Ad Astra » … Avec ce film il retourne dans la communauté juive ashkénaze de son enfance- sa famille est originaire d’Ukraine.
Le réalisateur américain offre un récit à hauteur d’enfant qui déroule lentement mais surement les réalités d’une société américaine totalement inégalitaire. Le film étant aussi une semi-autobiographie, il aborde la naissance de la vocation artistique du double de cinéma de Gray, le jeune Paul Graff.
La photo de Darius Khondji n’est particulièrement remarquable- alors que d’habitude ce directeur de la photographie brille par son talent. Cette neutralité est sans doute volontaire, afin de se concentrer sur l’histoire. Et puis, on n’est pas dans un film historique comme dans The Lost City of Z ou encore the immigrant…
Armageddon Times se situe en effet dans un passé proche… Le film est ancré dans le concret à part une rêverie du jeune héros, Paul alias James Gray jeune, donc!) Armageddon Time est un film personnel et universel à la fois, sans nostalgie quant à ce qu’il se remémore. Paul et son ami Johnny font les 400 coups, ils sèchent l’école, fument un joint et se rêvent astronaute ou artiste peintre ( Paul a une épiphanie devant une toile de Kandinsky.)
Dans Armageddon Time, James Gray dirige un casting de choix. Le jeune Banks Repeta est très bien dans le rôle de de Paul Graff. A 12 ans, Paul n’est pas un petit ange, il est même franchement énervant ou naïf par moments. Et c’est intéressant que le réalisateur ne se soit pas donné le beau rôle.il se montre comme un enfant rêveur, pas doué pour l’école, pas spécialement empathique…
Jaylin Webb est d’une grande justesse et très touchant. Jaylin Webb incarne Johnny, un collégien noir et pauvre. Johnny est rejeté de tous, sauf de sa grand mère malade – et de Paul.
Anthony Hopkins compose quant à lui un grand-père attendrissant,un juif ashékenaze marqué par les pogroms mais débordant d’humanité et de tolérance. Hopkins offre encore une fois une performance nuancée et émouvante. Les parents de Gray / Graff sont moins bien écrits. Toutefois Anne Hathaway et son mari de cinéma, Jérémy Strong, ont droit à quelques moments et répliques intéressantes.
Jessica Chastain a un rôle anecdotique : celui d’une des sœurs de Donald Trump . Paul se retrouve en effet dans un collège privé financé par le père de Donald Trump… Encore une fois il constatera les ravages e la discrimination. Le film parle en sous texte de détermination, et des différences de classes sociale.
Paul est d’une famille juive. Pour s’intégrer le père a américanisé son nom de famille. Paul se dit riche dans son collège public- en fait les parents ne sont pas si riches que cela, mais ils sont certainement plus aisés que la famille de Johnny. par contre, une fois dans une école privée, il réalisera qu’il est loin de vivre dans l’opulence.
L’autre minorité qui est décrite dans le film à travers le personnage de Johnny est la communauté noire… Johnny est jeune, rebelle, noir de peau et pauvre… Dans l’Amérique des années 80, il semble malheureusement peu probable qu’il arrive à vivre l’American Dream. Malgré l’envie de voir une histoire « Rags to riches »…
En visionnant ce film , j’ai pensé à Licorice Pizza. Et puis en découvrant The Fabelmans, j’ai pensé à Armageddon Time.
PT Anderson, Spielberg et avant eux d’autres réalisateurs américains (comme Coppola) ont raconté leur enfance dans un film… Le procédé n’est pas nouveau. Toutefois je dois dire que souvent je suis déçue par ce genre de films. En effet, si la reconstitution de l’époque est souvent réussie, le reste du film manque de corps .Et c’est un peu le cas avec Amargeddon Times. On devine aisément ce qui va se produire.
Ce nouveau James Gray m’a un peu déçue. C’est le film le plus intime du réalisateur, mais c’est celui qui m’a paru le plus mineur. Même s’il semble très sincère et qu’il aborde des thèmes intéressants comme l’influence de la famille, le racisme et l’antisémitisme, l’injustice et la culpabilité
Fiche Film : Armageddon Time
Sortie en BR et DVD le 15/03/2023 chez Universal
Sélectionné au Festival de Cannes
De James Gray
Avec Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta
sortie en salles (France : 11-09-2023)
durée : 1h55
Disponible en BR et DVD le 15/03/2023
Bonus :
*Scènes coupées
*Casting : comment interpréter une famille
*Grandir en étant un Gray
*L’héritage d’un grand-père